Les symboles de la Justice

01/01/2021 - mise à jour : 20/06/2022

Les symboles de la justice ont évolué dans l’histoire.

Au moyen âge, la justice féodale s'appuyait sur l'idée d'une justice sacrée. Le pouvoir judiciaire étant au-dessus des hommes, il était représenté dans les forces de la nature: bois, couronnes fleuries, cornes d'abondance etc.

Au temps des rois, ces derniers étaient les intermédiaires entre les hommes et Dieu et les symboles traditionnels cohabitaient avec la fleur de lys.

Avec la Révolution française, Thémis, déesse de la mythologie grecque, est devenue l'allégorie judiciaire la plus populaire : fille d'Ouranos et de Gaïa (le ciel et la terre), elle représente la Justice immanente et l'ordre établi. Épouse et conseillère de Zeus, elle reste à la droite de son trône. Elle veille au bon rapport des dieux entre eux, et a le don de prédire l'avenir. Son équivalent dans la mythologie romaine est Justitia.

Elle est généralement représentée avec une épée ou un glaive à la main, une balance dans l’autre, et les yeux bandés.

La Justice use d’autres symboles : le serment prononcé par les magistrats, leur costume d'audience ou l’architecture des palais de justice et des salles d’audience, qui se veulent solennelles, ouvertes et transparentes.

Les symboles végétaux

Aux origines, la justice devait être rendue sur la montagne, au sommet de laquelle un espace sacré était délimité, à l’ombre d’un chêne. L’arbre était identifié comme le pilier du monde, et symbolisait la communication entre le ciel et la terre. La tradition veut notamment que Saint Louis rende  la justice sous un chêne.

La pomme de pin se trouve également en divers endroits des Palais de Justice. Elle représenterait la pomme de pin qui orne le sommet du sceptre de Bacchus, celui de la "Vérité manifestée".                             

Les symboles animaux

Le serpent représente au Palais de justice la prudence et dès lors la sagesse. Il est figuré soit seul, soit rampant sur un bouclier ou enroulé autour d'un miroir, où dans ce cas, il symboliserait le lien entre la prudence et la vérité.

Le lion est symbole de puissance du pouvoir royal. Il est toujours figuré soutenant le trône des Rois.                 

La balance

La balance est l’emblème le plus ancien de la fonction de juger et fait référence à l’idée d’équilibre et de mesure, d’harmonie et d’ordre : le  juge, au cours de son délibéré , doit prendre la mesure de chaque argument pour parvenir à une décision équilibrée.

Elle symbolise aussi l’impartialité nécessaire au fonctionnement de la justice, qui ne doit pencher en faveur d’aucune des parties.

Dans les religions monothéistes, la balance représente le jugement ultime: « Que Dieu me pèse sur des balances justes et il connaîtra mon intégrité ». (Job)

Dans l'Égypte ancienne,  la balance l'instrument de pesée des âmes : Anubis, dieu des Morts, accompagné de la déesse Maât, soupesait les cœurs des défunts sur un plateau pour révéler leur pureté. Lorsque leur poids était inférieur à celui d'une plume, la vie éternelle leur était accordée.

Le glaive ou l’épée

L'épée est un des attributs de Némésis, déesse grecque de la vengeance. La Rome antique  a remplacé cette épée par le glaive, arme de prédilection de la Légion.

Le glaive ou l’épée, à double tranchant, symbolisent la puissance et  l'aspect répressif de la Justice et rappellent que le pouvoir de juger consiste à examiner et peser, mais aussi trancher, sanctionner et exécuter les décisions prononcées. 

Le bandeau

Le symbole du bandeau recouvrant les deux yeux était initialement associé à Tyché, déesse grecque du destin, puis  à Fortune, déesse romaine de la chance.

Le bandeau qui recouvre les yeux de Thémis représente l'impartialité de la justice, qui doit être rendue objectivement, sans faveur ni parti pris, indépendamment de la puissance ou de la faiblesse des accusés. Le bandeau permettant à la justice de ne pas voir les personnes qui se présentent devant elles et garantit ainsi son  impartialité.

Le bandeau peut également être compris de manière négative et renvoyer une image de justice aveugle aux réalités de la société et ignorant le principe d’équité

Les tables de la loi

Le symbole des tables de la loi se rattache à la bible hébraïque (elles sont définies par les livres sacrés de l'Exode et du Deutéronome comme des tables en pierre sur lesquelles Dieu a gravé les Dix Commandements remis à Moïse). Les tables de la loi sont associées à l'idée que la loi vient de Dieu, mais elles ont acquis une valeur profane puisqu’en 1789, les révolutionnaires les ont choisies pour assoir la place de la loi juste et égale pour tous, au contraire de l’arbitraire royal.

La main de justice

A partir du XIIIe siècle, la main de Justice s'est imposée comme un symbole indissociable du pouvoir royal et fut jusqu'en 1792 l'emblème du pouvoir judiciaire des rois de France conféré par Dieu : en 1226, lors du couronnement de Louis IX (ou Saint Louis), un bâton de commandement décoré à son extrémité d'une main en ivoire ayant trois doigts étendus est remis au jeune roi. L'emblème a perduré en partie grâce à sa célèbre œuvre de Justice, rendue sous un chêne.

Lors de la cérémonie du sacre, on plaçait traditionnellement le sceptre royal dans la main droite du souverain et la main de Justice dans la gauche La main de Justice était conservée sous la royauté à l'Abbaye de Saint-Denis.

Le roi est représenté par le pouce, la raison par l'index, la charité par le majeur et la foi catholique est symbolisée par l'annulaire et l'auriculaire.

Le symbole rappelle que le roi est la source de toute Justice : à ce titre, il peut évoquer n'importe quel procès intenté à l'intérieur de son royaume et prendre lui-même la décision qui sera immédiatement exécutée sans discussion ni possibilité d'appel

Le genou dénudé

La clémence de la justice est symbolisée par le genou dénudé, le genou étant l’attribut corporel de la piété, la magnanimité et la clémence du puissant : lorsque l’on voulait obtenir la clémence d’un puissant, on enlaçait ses genoux.

La représentation des souverains avec une jambe découverte exprime la mansuétude royale.

La position du genou est une marque de pouvoir : garder le genou droit est un signe de courage, le plier est un signe d’humiliation mais aussi d’humilité.