Histoire du tribunal de Verdun et patrimoine

01/01/2021 - mise à jour : 05/01/2021

Le palais de Justice de Verdun à travers l'histoire

L’abbaye Saint Paul de VERDUN par Bruno Frémont

L’auteur, ancien président de la Société Philomathique de Verdun, a réalisé son travail historique en exploitant deux sources :

  • Nicolas ROUSSEL, Histoire ecclésiastique et civile de Verdun,
  • Maxime SOUPLET, Saint Paul. XIIIe Evêque. Le Restaurateur de l’Eglise de Verdun.

Saint Paul, XIIIe évêque de VERDUN (626 – 648)

Paul naît dans la Gaule Belgique, et prend très tôt la décision de se séparer du commerce et de la contagion du monde.

Il commence à mener une vie retirée chez lui, ne visitant que les églises, les monastères et les hôpitaux, joignant l’aumône avec le jeûne et la prière.

Puis, il vend tous ses biens et les distribue aux pauvres.Et prend la résolution de partir se retirer parmi les ermites des Monts de Vôge, vivant dans des cellules séparées et ne se voyant que le samedi et le dimanche.

En chemin, il s’arrête sur le Mont Gebenne, près de la ville de Trèves, autrefois appelé montagne d’Apollon à cause de la divinité qui y était adorée. Paul abat l’idole de ce faux dieu et le jette à bas de la montagne, dans la Moselle. Le séjour qu’il fait sur cette montagne fit donner à celle-ci le nom de Paulsberg, qu’elle conserve encore aujourd’hui.

Il poursuit ensuite son chemin vers la Vôge, et s’arrête en chemin au monastère de Tholey, pour y coucher une nuit. Mais, il est conquis par la vie de ces religieux et en prend bientôt l’habit, avant d’être choisi pour enseigner les Lettres Saintes dans ce monastère où les enfants des princes de la maison royale sont envoyés pour y recevoir des leçons.

Oracle estimé de ses confrères, ceux-ci constatent aussi une série de miracles qui augmentent la réputation de Paul. De sorte que le clergé et le peuple de la ville de Verdun prient le roi de le leur donner pour évêque.

Résistant d’abord aux ordres du roi, et invoquant que son élection n’était pas conforme aux Saints Canons, il doit se résoudre à être tiré malgré lui de ce monastère et d’être ordonné évêque de Verdun.

Suite à la guerre avec les Bourguignons, l’évêché de Verdun se trouve à cette époque dans une grande misère pécuniaire et spirituelle : c’est à grand peine qu’on trouvait un clerc pour dire l’office divin dans la cathédrale…

Par ses excellentes relations dans le monde religieux – qui lui cèdent entre autres l’abbaye et le monastère de Tholey – et avec le roi Dagobert et les grands du royaume, Paul parvient à rétablir des revenus pour son Eglise, qu’il administre avec économie, et qui bientôt prospère.

Cependant, le Saint Homme continue à vivre avec encore plus d’austérité.

La renommée de la Sainteté de sa vie et de son gouvernement le rend recommandable dans toutes les Eglises de France. Il sera qualifié de « Restaurateur de l’Eglise de Verdun », non seulement à cause des biens temporels qu’il lui fit restituer et augmenter, mais encore par la formation et la régularité de son clergé, qu’il rendit respectable jusqu’au XIIIe siècle.

Il fait bâtir une église hors les murs de la ville, pour y attirer ceux de son peuple qui voulaient se délasser et prendre l’air pendant l’intervalle de l’office divin. Et dédie cette église sous l’invocation de Saint Saturnin, martyre et premier évêque de Toulouse, et y met la relique de ce Saint reçue de la libéralité de Dagobert Ier.

A sa mort, en 648, son corps est enterré dans l’église Saint Saturnin et le concours des foules venant prier sur son tombeau, occasionne l’établissement d’un faubourg dit de Saint Paul, situé au Nord de la ville de Verdun.

Les miracles que ce Saint Evêque avait fait pendant sa vie et ceux que Dieu opéra encore en plus grand nombre après sa mort sur son tombeau y attirèrent tous les infirmes de la province pour obtenir leur guérison.

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C’est ainsi que furent guéris un grand nombre d’aveugles, de sourds, de boiteux et d’autres infirmes, dont on n’a pas conservé le détail, sinon de l’huile merveilleuse qui sortait continuellement de son tombeau et qui guérissait toutes sortes de maladies…

Depuis que l’église Saint Saturnin fut ruinée lors des incursions des Normands, vers le commencement du Xe siècle, cette liqueur parut plus sensiblement sortir du tombeau de Saint Paul, ce qui faisait dire au commun du peuple qu’il pleurait à cause de la négligence qu’on avait de réparer ce lieu saint…

Les religieux du monastère de Tholey ayant appris qu’il était ainsi abandonné, envoyèrent quelques uns d’entre eux à Verdun, pour enlever les ossements de Saint Paul, qu’ils déterrèrent secrètement pendant la nuit et emportèrent…Mais en se retournant, ils furent miraculeusement arrêtés dans la forêt à environ deux lieues de Verdun, sur la grande route de Metz, où ils demeurèrent immobiles, sans pouvoir marcher…

« Visitant comme pélerins ils entrèrent une nuit dans l’église Saint Saturnin, ouvrirent la sépulture d’iceluy, prirent les saintes reliques réveremment et partirent cheminant toute la nuit tirant vers leur dit monastère, tellement que le matin pensoient estre bien loin, mais ils n’estoient qu’à environ deux lieues de Verdun dans un bois où ils s’arrêtèrent pour se reposer. Pensant partir et poursuivre leur chemin, ne fut à eux possible, car il les alloient et venoient, retournant toujours au même lieu ».

L’enlèvement ayant été découvert à Verdun, on courut après les ravisseurs. Vite rejoints, ils avouèrent et déclarèrent le miracle que Dieu opérait en les arrêtant là où ils étaient.

On leur accorda une partie des os de la tête du Saint, avec lesquels ils repartirent vers leur monastère, tandis que le reste du corps fut rapporté à Verdun dans son tombeau, où il fut alors conservé, avec plus de soins et de décence.

Sur la route de Metz, là où les religieux de Tholey avaient été arrêtés, on érigea une croix de pierre et un autel, et ce lieu pris le nom de « Paul Croix ».

On y bâtit même un prieuré de Bénédictins, détruit depuis.

Mais la croix et l’autel – contenant une relique - de « Paul Croix » sont toujours visibles en bord de route, entre Verdun et Haudiomont, restaurée sous l’égide de Maxime Souplet, historien, chanoine et sacriste de la cathédrale de Verdun, sous l’épiscopat de Monseigneur Petit en 1963. Sculptée dans la pierre par Dante Donzelli, Saint Paul y est représenté, distribuant trois petits pains.

Saint Paul, Patron des boulangers

Alors qu’il se trouvait comme novice à l’Abbaye de Tholey, Saint Paul, occupé à cuire le pain, n’eut pas le temps de faire chauffer suffisamment le four, alors que l’heure du repas approchait.

Il retira alors les charbons et mit les pains dans le four qui n’était que tiède, mais ceux-ci furent cuits malgré tout…

Depuis, la tradition veut que l’Abbaye distribue du pain aux pauvres. Et c’est ainsi que Saint Paul est devenu le patron des boulangers et pâtissiers de Verdun.

Aussi à l’occasion de sa fête, le 8 février, on a distribué pendant des siècles le « pain de Saint Paul » dans les rues de Verdun et alentours.

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Un nouveau miracle à Paul Croix

« Or, depuis pour confirmer le dict miracle, advint longtemps après que la dévotion du peuple commença fort à diminuer (comme on le voit souvent)…

Et y avoit un homme habitant dans un village circonvoisin dudict lieu PALECRIX qui eut affaire d’une pierre pour la commodité de sa maison.

Si s’en alla sans avoir révérence à Dieu ni au Saint, prendre ladicte pierre qui servoit d’autel devant ladicte croix et furtivement l’emporta en sa maison, l’appliquant à usage prophane…

Dont advint tost après que tous ses chevaux, bœufs et moutons moururent, et lui-même cheut en une maladie corporelle, avec débilitation de ses membres, qu’on y attendoit que la mort…

Si lui vint en souvenance quasi par inspiration divine, du larrecin et sacrilège qu’il avouat feict et lors avec grande repentance, cria Dieu mercy et audict Sainct Paul.

Si renvoya ladicte pierre en son lieu, en confessant haultement son pêché et incontinent fut gari.

A raison de quoi, tout le peuple commença à avoir à nouveau une grande dévotion au dict Sainct Paul et fréquentait le lieu où se feirent plusieurs autres miracles : tellement que les religieux de Saint Vanne, feire édifier une église et prioré de leur ordre Sainct Benoït qui longtemps a duré…

Toutefois advenants les guerres, misères, et calamitez qui furent en la Gaule Belgique par les Normans et Dannoys, ledict prioré fut tout ruiné et détruit, tellement que les dits religieux rapportèrent à Sainct Vanne les propres boys, cloches et tout ce qu’ils trouvèrent après la dite ruine, de sorte qu’à présent, le lieu est désert ».

L’abbaye Saint Paul de Verdun

Eglise Saint Saturnin

Saint Paul, XIIIe évêque de Verdun (626 – 648) fait bâtir l’église Saint Saturnin, hors les murs, en bordure de Meuse, au nord de la ville. 

Gisload, son successeur, la fait desservir par ses clercs. L’église est mal entretenue, quoi qu’il s’y fasse des miracles fréquents sur le tombeau de Saint Paul inhumé dans l’édifice…

Bénédictins

Vicfrid, 34e évêque de Verdun, fait bâtir sur ces lieux une nouvelle église qu’il dédie à l’évocation de Saint Paul, dont le tombeau distillait une huile miraculeuse qui guérissait les malades…

Vers 962, il y établit un monastère de l’ordre de Saint Benoît, avec des moines de Saint Vanne.

Et fonde aussi un hôpital pour les pauvres, devant la porte de ce monastère.

Prémontrés

En 1135, sous l’évêque Albéron de Chiny, suite au dérèglement des moines bénédictins de Saint Paul, on y établit des Prémontrés.

L’abbé Roger relève le monastère qui compte près de 300 religieux et qui prospère.

En 1246, l’église Saint Paul est détruite lors de la guerre communale.

La grande Saint Paul

En 1249, Gérard, abbé de Saint Paul, pose la première pierre d’une nouvelle église pour cette abbaye.

Le financement est réalisé par des quêtes et on distribue des indulgences à ceux contribuant de leurs biens à ce pieux dessein.

Les travaux durent 63 ans, jusqu’en 1312…

Ainsi on édifie « la plus belle église de toute la province, avec nombre chapelles latérales… trois nefs, un large transept, le chœur à l’est vers la rivière, aussi vaste que la cathédrale (moins longue, mais plus large), avec sur sa façade ouest deux tours couronnées de flèches et clochetons. On disait que l’édifice comportait autant de fenêtres que de jours dans l’année » (NB : Il s’agit plutôt de lancettes de fenêtres).

Mais, l’enceinte des remparts, commencée vers la fin du XIVe siècle (VAUTREC élève la Tour Chaussée en 1386 – 1388), laisse en dehors des murs l’abbaye Saint Paul et ses dépendances… Ce sera la source de ses malheurs…

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Nicolas Psaume

Fils d’un laboureur du village de Chaumont sur Aire, Nicolas Psaume étudie dans la science de théologie et des Saints Canons.

Devenu Prémontré, il est Abbé de Saint Paul en 1538.

En 1541, il prend le bonnet de Docteur à Paris.

En 1546, il assiste au Concile de 30 à Rome, en qualité de Procureur Général de son ordre.

C’est en 1548 qu’il devient évêque de Verdun. Du fait de cette nomination, il résigne son abbaye en faveur de Charles, Cardinal de Lorraine et Archevêque de Reims.

En 1552, Charles Quint assiège Metz.

Boucart, alors commandant de Verdun, suggère à la Cour la démolition de l’abbaye comme nécessaire, pour soutenir un siège qu’on craignait.

Il emploie une si grande quantité de pionniers, de cette ville et de la campagne, qu’en six jours de temps, il fait abattre jusqu’aux fondements de l’église et de tous les édifices de ce monastère.

Les religieux ont juste le temps de transporter leurs ornements, leurs meubles, et de tirer copie des épitaphes de leurs Abbés, qui restent enterrés dans les ruines de l’église.

Nicolas Psaume, pénétré de douleurs, rétablit dès qu’il peut une église et un monastère à ses confrères, les religieux de Saint Paul, à l’intérieur des murs de la ville.

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Il use d’une si grande diligence que dès l’année suivante, en 1553, ils entrent dans la nouvelle abbaye, bâtie par ses soins et les libéralités du cardinal de Lorraine, qui en était commendataire.

A la mort du Cardinal, en 1574, Nicolas Psaume, en vertu de son droit de regrés, retrouve la possession du temporel et du spirituel de l’abbaye jusqu’à sa mort en 1575.

La nouvelle Saint Paul

Reconstruite par Nicolas Psaume à l’intérieur des murs de la ville, la nouvelle Saint Paul porte sur son fronton la date de 1596.

En 1745, les principales reliques conservées dans le trésor de ce monastère sont :

  • le corps de Saint Paul : XIIIe évêque de Verdun, dans une très belle chasse d’argent.
  • le corps de Saint Grégoire de Spolète, martyre.
  • des os de Saint Denis, de Saint Augustin, de Saint Séverin.
  • et un très grand nombre d’autres Saintes Reliques, marquées dans l’inventaire qu’on voit au sacraire de cette église.

Les derniers temps de l’abbaye Saint Paul

L’église de la nouvelle Abbaye Saint Paul (consacrée par Nicolas Psaume en 1574), est fort belle mais assez petite à la vérité.

Les religieux de Saint Paul se souvenaient en effet de l’ancienne abbatiale et regrettaient que la présente ne fût pas « selon le rang et la dignité que leur Abbaye tient entre celles de l’Ordre ».

Ils sont donc résolus de reconstruire leur église sur un plan plus vaste et de ne rien épargner pour donner toute la magnificence possible à ce nouvel édifice. Le plan adopté sera, dit-on, celui de la cathédrale Saint Paul de Londres…

Le prieur Martin avait conçu depuis longtemps le projet de bâtir cette église pour laquelle les Prémontrés Verdunois avaient recueilli et économisé peu à peu des sommes considérables. Et il commence alors la construction du magnifique édifice qui, touchant au monastère, formait par sa façade tout un côté de la rue Saint Paul, presque en face du collège.

Déjà le mur s’élevait à hauteur des fenêtres quand le décret de la constituante du 13 février 1790, qui supprimait les ordres religieux, interrompit les travaux.

Tout fût bientôt démoli et les matériaux utilisés à la construction des maisons qui en occupent l’emplacement.

De grandes lames de cuivre de Suède qui venaient d’arriver pour être employées à la couverture de l’église et du dôme devaient rester inutilisées.

Le 12 mai 1790, les religieux reçurent avec la notification de la suppression des ordres religieux, l’ordre d’avoir à abandonner leur couvent.

La communauté de Saint Paul se compose alors de treize religieux, de deux frères et d’un vicaire.

En outre, 17 autres religieux étaient répartis dans les cures de la région.

La dispersion a lieu officiellement le 22 mai 1790, où les officiers municipaux en écharpe arrivent à l’Abbaye pour se faire présenter à la procure les registres des revenus et des propriétés.

L’inventaire du 8 juin porte en particulier : « deux châsses, deux reliquaires en forme de bras, 45 chasubles, 26 tuniques, 35 chapes, 39 aubes, un jeu d’orgue, 8 cloches dont 4 grosses et 4 petites… »

Le mobilier devait être vendu partie le 13 mai 1791 et partie le 31 juin 1792.

Quelques religieux demeurèrent au couvent jusqu’en 1792. Ils furent constitués gardiens des objets mobiliers portés aux inventaires.

Ayant prévu la séquestration prochaine et la vente du mobilier de la communauté et de l’église, le prieur avait tenté de le sauver.

Il fait partir 6 voitures remplies d’ornements et de choses précieuses pour le Luxembourg. Cinq arrivent à bon port, la 6ème, qui s’égare, est prise et ramenée à Verdun, et reconnue pour être de Saint Paul…

Se sentant compromis par ce fait, le prieur Martin s’enfuit de Verdun et se réfugie chez son frère à Villers-la-Loue (Gaume Belge).

Au retour des Alliés à Verdun, le 2 septembre 1792, l’évêque Monseigneur Desnos se trouve dans leurs rangs, ainsi que le prieur Martin, qui obtient restitution de son monastère et y réunit ses religieux.

Mais six semaines plus tard, le 14 octobre, il faut de nouveau fuir. Les religieux de Saint Paul se cachent de divers côtés, le prieur avec plusieurs membres de sa communauté retourne chez son frère.

Mais bientôt, la Belgique est envahie, le prieur est obligé de reculer jusqu’en Hollande. En passant à Villers-la-Loue, les révolutionnaires tuent le frère du prieur, Jean-François Martin.

Les reliques de Saint Paul subirent le sort des autres Saints de Verdun. Les châsses précieuses renfermant les corps de nos évêques qui constituaient le trésor des Abbayes furent transférées à la Cathédrale et enfermées dans des sacristies.

Lorsque furent brisées les reliquaires dont le métal précieux fut envoyé à la Monnaie, Krebs et Rabut, deux anciens serviteurs de la cathédrale recueillirent en secret et avec respect les saintes reliques, et une nuit, les enfuirent dans le tombeau de Monseigneur de Nicolaï. C’est ainsi qu’elles passèrent à l’abri les jours mauvais de la Révolution.

Elles en furent exhumées en 1804, en présence de ceux qui les avaient cachées et qui purent témoigner de leur authenticité.

A son retour à Verdun, après la tempête, le prieur Martin ne retrouva plus son église, qui avait été démolie, ni son monastère qui avait été confisqué.

Il se consacra alors à la restauration de la cathédrale, dans laquelle il travailla plus de 20 ans, et dont il fut nommé chanoine en 1823 avant de mourir à l’âge de 84 ans.

L'après première guerre mondiale

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Aujourd'hui

Aujourd’hui, l’Abbaye Saint Paul est devenue :

  • pour partie le tribunal judiciaire (anciennement tribunal de grande instance et d'instance)
  • pour partie la sous-préfecture de Verdun, avec la résidence et les jardins de la sous-préfecture.

Quelques autres photos

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Inauguration de la salle BLUME à l’occasion de l’audience solennelle de rentrée du 21 janvier 2019

Une plaque et un portrait ont été apposés à l’entrée de la salle d’audience du tribunal qui porte désormais le nom de Georges Blume. 

 

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Qui était Georges BLUME par Bruno FREMONT (Extraits de l’ouvrage collectif : Les personnalités marquantes de la Meuse, Tome II.)

Fils d’Ernest BLUME, ancien sous-lieutenant de la Garde Nationale des Vosges lors de la guerre de 1870, venu s’installer comme notaire à VERDUN, Georges BLUME fréquente le collège BUVIGNIER avant d’embrasser lui aussi une carrière juridique en qualité de Greffier en Chef du Tribunal Civil de VERDUN. Lors de la guerre 14/18, il est mobilisé comme adjudant au 120ème Régiment d’Infanterie Territoriale et combattra notamment dans la WOËVRE en 1916.

Son jeune frère, le Docteur Henry BLUME, médecin auxiliaire au 3ème Régiment du Génie laissera sa vie sur le front après avoir été gravement touché en portant secours à un blessé le 22 février 1916, peu après son admission à l’ambulance 3/61 de SOUVILLE.

Après la Première Guerre mondiale, Georges BLUME revient à son domicile du 15 bis rue CHEVERT et reprend ses activités professionnelles auxquelles s’ajoutent les fonctions de Conseiller municipal, administrateur des hospices, président de la société de musique « l’indépendante », membre de la Goutte de Lait, administrateur de la Caisse d’Epargne... Membre assidu de la Société Philomathique dont il sera le secrétaire puis le président, cet érudit sera l’auteur d’une série de publications sur l’histoire de VERDUN et notamment d’un opuscule sur « L’Histoire sommaire de la Justice à VERDUN » en 1924.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Georges BLUME, face à l’occupant nazi, se réfugie à TOULOUSE, ville dans laquelle il sera le président de l’union des Réfugiés Meusiens dès 1941. Malheureusement avec son épouse née Anne Gilberte SCHWOB, ils feront partie du dernier convoi des déportés de TOULOUSE, alors que les Américains avaient déjà débarqué. Georges décédera le 30 septembre 1944 à BUCHENWALD et son épouse en 1945 à RAVENSBRÜCK...

Leur fille unique Arlette BLUME ayant embrassé la profession d’avocate, et réfugiée aussi dans le sud pendant la guerre où elle devient infirmière bénévole de la Croix rouge, ne doit son salut qu’à une information de dernière minute de son médecin-chef l’avisant qu’elle était recherchée. Seule survivante de cette famille juive, elle rencontre à MONTPELLIER au cours de ses fonctions hospitalières un jeune légionnaire d’origine britannique blessé : Harold WILLIAMS avec lequel elle fondera une famille à VERDUN.

Disparu tragiquement et très connu à VERDUN, Georges BLUME a laissé le souvenir d’un excellent homme, très estimé.    

Hommage à Georges Blume par Monsieur Hervé Henrion (extraits du discours prononcé à l’audience solennelle de rentrée du 21 janvier 2019)

« Monsieur le Greffier en Chef Georges BLUME,

Elie WIESEL écrivait “la nuit vient ? Le jour viendra. L’obscurité porte la promesse de la lumière”. N’est-ce pas là le sens profond de votre vie, cette quête de permanente de lumière sur un chemin ravagé par l’obscurité et l’obscurantisme ?

Voici l’aube : vous êtes né le 27 février 1882 à VERDUN d’un père notaire avant d’entamer des études de droit et une carrière de greffier en chef au tribunal civil de VERDUN.

Premier “nocturne tragique” : vous avez été mobilisé pendant la Première Guerre comme adjudant au 120ème Régiment d’Infanterie Territoriale avant de subir les orages d’acier en combattant dans la WOËVRE en 1916. Votre jeune frère, le Docteur Henry BLUME mourra sur le front de SOUVILLE le 22 février 1916 en portant secours à un soldat gravement touché.

Voici l’aube nouvelle : après la guerre, vous reprenez vos activités professionnelles auxquelles s’ajoutent les fonctions de Conseiller municipal. Homme de culture vous avez été Président de la société de musique et Président de la Société Philomathique. Vous avez publié en 1926 un petit livre érudit s’intitulant “Histoire sommaire de la Justice à VERDUN”, que chacun de nous doit avoir lu. C’est avec émotion que je cite vos propos introductifs dans lesquels vous expliquez les raisons qui vous ont poussé à prendre la plume. Les voici : “C’est pour conserver encore un peu le souvenir de mon vieux tribunal que j’ai écrit ces quelques lignes et en les terminant qu’il me soit permis de dire tout le chagrin que j’ai eu à le quitter”. Cela montre que vous aimiez VERDUN, ses institutions, son patrimoine et les Verdunois ; que vous étiez un Homme engagé  au service de la collectivité et de l’Autre avec un grand “A”, un homme pour qui l’engagement et les valeurs républicaines sont résolument une éthique de vie.

Second nocturne tragique : vous avez été contraint de vous réfugier à TOULOUSE après l’arrivée de l’occupant nazi, ville dans laquelle vous avez été le Président de l’Union des Réfugiés Meusiens, dès 1941. Ce nouvel engagement vous l’avez pris au péril de votre vie dans ce semblant d’Etat qui se disait français mais qui n’était pas la FRANCE. Votre arrestation est intervenue car vous avez pris en charge la défense d’un réfugié meusien incarcéré. Le 30 juillet 1944, vous avez été déporté de TOULOUSE à BUCHENWALD dans le convoi n° 81.  La barbarie nazie a sacrifié votre dignité en vous affublant du numéro 69542 et du triangle rouge des prisonniers politiques français juifs. Une belle personne comme vous, avec sa foi républicaine et son amour du prochain, ne pouvait pas résister bien longtemps au paroxysme de l’inhumain. La maladie vous a vaincu le 29 septembre 1944. Votre épouse, qui a été déportée le même jour que vous à RAVENSBRÜCK,  est décédée un peu plus tard en 1945.

Votre destin personnifie la pensée d’Elie WIESEL qui se fondant sur son vécu de déporté, estimait que dans les camps “tout tendait vers une fin : l’homme, l’histoire, la littérature, la religion, Dieu. Il ne restait rien. Pourtant nous recommençons avec la Nuit”.

La flamme du souvenir s’est allumée, votre nom figure sur le monument aux enfants de Verdun morts pour la FRANCE et à partir d’aujourd’hui sur la plaque commémorative à côté de la porte de cette salle. Désormais, votre nom sera prononcé tous les jours par les magistrats, par les fonctionnaires, par les avocats et par les justiciables. Ainsi, vous serez parmi nous dans ce tribunal et pour la République. L’été dernier, nous avons avec Monsieur le procureur sollicité le directeur du Mémorial de la Shoah pour obtenir des informations pour votre famille à la demande de votre petit-fils François WILLIAMS ; cette démarche a porté ses fruits. Nous avons pu remettre à vos descendants quelques bribes de votre passé. Mais notre démarche aura surtout permis au Mémorial de se rendre compte que votre nom était mal orthographié sur le Mur des Noms ; “BLUME sera donc prochainement réécrit avec un “E” qui n’apparaît pas à ce jour. Une cérémonie sera organisée à PARIS le 20 janvier 2020. 

Votre portrait a pris place dans cette salle et je m’engage à faire allumer en votre mémoire une bougie le 29 septembre de chaque année. Votre regard doux et bienveillant croise celui de notre Marianne libertaire et cubique et symboliquement vous ferez corps avec notre belle devise républicaine : “liberté, égalité, fraternité”.

Cette liberté dont vous connaissez la valeur jusque dans votre chair car vous avez donné votre vie pour elle ; cette égalité dont vous avez été cruellement privé à cause de votre sang juif ; cette fraternité qui a fait et qui fera toujours votre grandeur d’âme vouée à l’Eternité.

A l’heure où trop de jeunes succombent à la folie nihiliste, il est fondamental de rappeler que des grands Hommes comme vous étaient prêts à sacrifier leur vie pour leurs idéaux républicains ». 

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Histoire sommaire de la Justice à Verdun par George BLUME

reproduite avec l'aimable autorisation de la famille de l'auteur et de LEFEVRE GRAPHIC

HISTOIRE BLUME 1
HISTOIRE BLUME 2
HISTOIRE BLUME 3
HISTOIRE BLUME 4
HISTOIRE BLUME 5
HISTOIRE BLUME 6
HISTOIRE BLUME 7
HISTOIRE BLUME 8
HISTOIRE BLUME 9
HISTOIRE BLUME 10
HISTOIRE BLUME 11
HISTOIRE BLUME 12
HISTOIRE BLUME 13
HISTOIRE BLUME 14
HISTOIRE BLUME 15
HISTOIRE BLUME 16
HISTOIRE BLUME 17
HISTOIRE BLUME 18
HISTOIRE BLUME 19

La Marianne

Yvette Schmidt, une artiste mosellane, a gracieusement réalisé le portrait d’une Marianne destiné à la salle d’audience du tribunal de grande instance, qui ne comprenait jusqu’alors aucun symbole républicain. Ce portrait cubique au regard bleu acier évoque une Marianne libertaire rappelant avec douceur et fermeté au respect de la devise « Liberté, égalité, fraternité ». L’artiste, actuellement élève peintre, descend en ligne directe de la famille Walaster, dont Jean-Baptiste a été au début du XIX siècle chef sculpteur de la cathédrale de Strasbourg.

la Marianne de Verdun

 

Les soldats de REDPALN

Le tribunal de grande instance de Verdun a choisi de participer aux commémorations du centième anniversaire de la fin de la Grande guerre. L’artiste Redpaln a réalisé des fresques représentant des soldats de la guerre de 14, « grandeur nature ». Ces œuvres sont exposées depuis le 15 septembre 2018 dans la salle des pas perdus du tribunal. Désormais, le soldat Français côtoie l’Allemand, le Britannique, l’Américain ou encore le tirailleur Sénégalais. La Mémoire devient ainsi un devoir universel, sans distinction d’origine ou de nationalité. La présence de ces soldats invite chacun à un humble travail de mémoire, à une courte méditation sur l’histoire de la grande guerre et le sens qu’on peut y apporter.

Foch disait « Parce qu’un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ». Mettons la mémoire au service de la Paix et l’on pourra dire « parce qu’un homme sans paix est un homme sans vie, un peuple sans paix est un peuple sans avenir ».

Présentation de l'artiste

Née dans les Vosges et Meusienne d'adoption, Redpaln est artiste illustratrice à Verdun depuis 2013. Elle a édité une dizaine de livres, travaille pour des Musées, dirige des ateliers pour tous publics (écoliers, seniors, personnes détenues). Dans son œuvre, Redpaln stylise des personnages anonymes reconnaissables à leurs lignes noires calligraphiées. 

photo REDPALN
 
voici l'adresse de son site officiel: www.redpaln.com

Les oeuvres

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Verdun, ville fortifiée et capitale mondiale de la paix

Le Centre mondial de la Paix, des Libertés et des Droits de l'Homme,dont le siège est le palais épiscopal, considéré par Saint Augustin comme « le plus vaste et le plus splendide palais épiscopal qu'il y ait en France ». http://cmpaix.eu/fr/

 

L'Hôtel de ville est un hôtel particulier construit au XVIIe siècle. Un grave incendie en 1894 ainsi que les bombardements allemands endommagèrent l'édifice. Il fût restauré et est désormais valorisé par un jeu de lumières spécifiques.

La cathédrale Notre-Dame est la plus ancienne de Lorraine et le plus grand édifice roman de l'Est de la France. Sa crypte date de l'an 990. Elle fût transformée au XVIIIe siècle pour suivre la mode baroque après qu'un important incendie ait ravagé ses mûrs.

La Tour Chaussée,qui date de 1380, était l'une des portes monumentales du Grand Rempart de Verdun.

 

Les sites de la Grande Guerre

Le Mémorial de Verdun a été construit en 1963 et relate le tragique épisode de la Première guerre mondiale qu'a été la bataille de Verdun ( http://www.memorialdeverdun.fr)

Le Fort et l'Ossuaire de Douaumont

Le Fort est un des plus vastes ouvrages armés de la place de Verdun, avec une superficie de trois hectares. L'Ossuaire fût construit après la Bataille de Verdun et accueille 130 000 soldats inconnus – français et allemands. http://www.verdun-douaumont.com/

Le Fort de Vaux est le symbole de l'héroïsme français et témoin de l'histoire du Commandant Raynal et de sa troupe qui ont tenu le Fort sept jours durant lesquels ils manquaient d'air et d'eau avant de finalement se rendre aux allemands.

La citadelle souterraine de Verdun abritait des galeries de 7 km à la fin de la guerre. Elles étaient organisées pour pouvoir abriter 2000 hommes et les faire vivre. On y trouvait des magasins de munitions et de poudre mais aussi une boulangerie, un moulin et des cuisines.

http://www.citadelle-souterraine-verdun.fr/

A proximité de la citadelle, se trouve le carrefour des Maréchaux, constitué de 16 statues monumentales représentant trois époques différentes : l'Empire, la Guerre de 1870 et la Première Guerre Mondiale.

La tranchée des Baïonnettes et son monument à l'entrée symbolisent le sacrifice des hommes morts aux combats, n'ayant pas eu de sépulture. Il s'agit du plus ancien monument du champ de bataille.

Le monument à la Victoire et aux soldats de Verdun a été inauguré en 1929.Il est chaque année le théâtre d’une cérémonie patriotique particulière. Le 1ernovembre, la Flamme du Souvenir qui brûle sous l'Arc de Triomphe est acheminée à Verdun. Après une cérémonie au Monument aux Morts, la flamme est déposée dans la crypte du Monument à la Victoire. Elle y brûle jusqu'au 11 novembre, jour anniversaire de la signature de l'Armistice 1918 où elle regagne Paris.

La dragée de Verdun

 

En 1220, la dragée a été créée à Verdun par un apothicaire qui cherchait à conserver plus longtemps ses amandes. Il eut alors l'idée de les enrober de sucre et de miel qui durcissent à la cuisson. La dragée, nommée alors « épice de bouche », devint célèbre pour ses bienfaits curatifs notamment pour la digestion. Mais c'est en raison de ses prétendues vertus contre la stérilité qu'on la retrouvait lors des célébrations familiales, créant ainsi la tradition de la présence des dragées lors des mariages, baptêmes et communions.

Des flammes à la lumière

Un incroyable spectacle de sons et de lumière sur la bataille de Verdun a lieu chaque année aux mois de juin et juillet. Pour 2020, il aura lieu aux dates suivantes: 19,20,26,27 juin et 3,4,10,11,17,18,24,25 juillet 2020 (réservations à partir de janvier 2020).

Pour tous renseignements: http://spectacle-verdun.com/