Cour d'appel de Bordeaux: la salle MONTESQUIEU

15/09/2022 - mise à jour : 23/06/2023

Salle d’audience de la 1^ère chambre

(dite salle Montesquieu)

Cette salle d’audience devient la plus prestigieuse de la cour sous Napoléon III qui fait décorer les caissons de son plafond et y peindre des abeilles tandis qu’il y appose d’un côté son portrait et, de l’autre, celui de son oncle Napoléon 1^er.

À l’origine, son espace est séparé en trois volumes:

au fond, sur un sol de marqueterie, la cour, séparée par plusieurs marches qui symbolisent sa hauteur et lui procurent la majesté;
au centre, devant ces marches, sur un plancher en chevrons, les professionnels du droit, avocats, avoués, et les justiciables;
à l’entrée, sur un sol en pierre, séparés par une barrière aujourd’hui supprimée mais dont les anciennes attaches restent visibles, les justiciables attendant que leur affaire soit appelée et le public.

Les magistrats du siège de la cour se répartissent sur deux rangées: autour du trône du premier président, chaque président de chambre dispose d’un fauteuil dont le protocole règle l’emplacement en fonction de l’ancienneté et du grade. Derrière les présidents, les conseillers disposent d’une banquette adossée aux trois murs.

Les magistrats du parquet général se rangent à gauche autour du procureur général dont le fauteuil et le bureau forment un espace avancé sur le public.

Face à eux, à droite, également avancés vers le public, les fonctionnaires du greffe entourent leur greffier en chef.

La décoration de Napoléon III a pour résultat qu’en entrant le justiciable est accueilli au plafond par les mots «jus romanum» (droit des Romains) tandis qu’au-dessus de la porte le nom de «Justinien» lui rappelle le célèbre juriste ayant influencé longuement l’ancien droit.

Face à lui, au plafond, les mots «code Napoléon» et, sur le mur en fond de salle, le nom de «Napoléon 1^er» leur font écho comme signe de l’ère juridique nouvelle, l’empereur des Français succédant à l’empereur de Romains. Au-dessus des magistrats de la cour, autour du puits de lumière, sont peints les noms des personnages dont les statues décorent la façade. Sur les murs du pourtour de la salle, les noms de divers juristes célèbres.

Sur le mur du fond, au-dessus des conseillers, une peinture signée Duvignau remplace depuis 1934 le crucifix en bois de tilleul offert en 1816 par le roi à la cour royale pénale siégeant au Fort-du-Hâ et déménagé en 1946 lors de l’édification du palais de justice.

Cette peinture représente une allégorie de l’esprit des lois. On y aperçoit, à droite, des Perses commentant leur courrier, en bas, un soldat romain après la décadence de son empire, au milieu, l’urne funéraire de Montesquieu d’où s’échappe l’esprit des lois, à côté de son mortier de président de chambre. L’ensemble est centré sur une rade emplie de bateaux dont l’examen démontre qu’il s’agit du port de la Lune.