Histoire et patrimoine
HISTOIRE ET PATRIMOINE
Le premier palais appelé aussi « les auditoires » fut construit en 1538. Il se situait place des Halles à Angers (actuelle place Imbach). Il abritait diverses juridictions dont le présidial et la sénéchaussée. En 1744, un incendie l’endommagea partiellement mais le présidial continua de fonctionner dans ces mêmes locaux jusqu’à la révolution. Pendant la révolution, les tribunaux ordinaires y siègent toujours mais pas les commissions militaires ni le tribunal spécial de la terreur.
A partir de 1804, les tribunaux se réorganisent. La cour d’appel d’Angers est ainsi créée par un sénatus-consulte du 18 mai 1804. Son ressort s’étend à 3 départements : Maine-et-Loire, Sarthe et Mayenne. C’est encore son ressort aujourd’hui. Face à cette expansion des services de la justice, on cherche à trouver de nouveaux locaux plus spacieux pour accueillir les juridictions. Après plusieurs propositions telles que le site du château ou des Grandes écoles, la cour d’appel est transférée à quelques pas dans l’ancien hôtel de ville, place Imbach, (actuel Muséum des sciences naturelles) lui-même relocalisé au collège d’Anjou. En 1840, le bâtiment est augmenté d’une aile pour accueillir la cour d’assises. Mais la Justice reste à l’étroit dans ces bâtiments et les possibilités d’extensions peu envisageables.
Au milieu du XIXème siècle, la ville cède finalement un terrain sur le Champ de Mars pour édifier un nouveau palais. En 1854, F. Lachèse établit un premier projet. Cependant celui-ci met du temps à se mettre en place car l’expropriation de terrains se trouvant sur la parcelle retardent l’acquisition du site. En 1863 M. Charles Edmond ISABELLE, architecte du gouvernement est désigné pour dessiner le projet.
En 1864, les travaux commencent. Les charges financières sont alors réparties entre 3 collectivités : 4/10ème à la charge du département ; 5/10ème à la charge de l’Etat ; 1/10ème à la charge de la ville. Le choix du site actuel s’intègre complètement dans le développement de la ville d’Angers qui met en avant le boulevard Foch, grande allée cavalière, et la place du Mail. Vingt années sont nécessaires pour terminer ce vaste projet. Construit par Metzger puis Beignet, le palais de justice est inauguré en 1883. Cependant un certain nombre de détails et décors restent inachevés faute de financement suffisant.
Le Palais de justice s’organise sur un plan carré, composé d’un premier niveau de soubassement formant le rez-de-chaussée. Le niveau courant accueillant le public, auquel on accède par les grandes marches sous le péristyle de la façade correspond au niveau R+1. Un second niveau, surmonté d’un niveau de comble non aménagé couronne l’ensemble.
Le palais de justice s’organise autour de 4 cours intérieures autour desquelles s’ordonnent les différents espaces judiciaires. Cette organisation, typique des constructions du XIXe siècle, est logique et rationnelle avec au centre une salle des pas perdus et de chaque côté, un rectangle organisé correspondant aux juridictions de l’époque (tribunal d’instance, tribunal de grande instance, tribunal de commerce et cour d’appel). Ce bâtiment aux éléments architecturaux majestueux affirme la puissance publique et l’autorité de la Justice aux yeux des citoyens.
Différentes campagnes de finition, restauration, d’entretien et de réaménagement sont menées peu d’années après l’achèvement des travaux :
- En 1897, des grilles de défenses sont mises en œuvre sur les baies du rez-de-chaussée
- En 1932 : réalisation de la sculpture du fronton représentant « la Justice protégeant l’innocence et la faiblesse contre la force brutale » selon la maquette de M. Blanchard par 3 sculpteurs angevins : Chesneau, Guilleux et Karcher. Ravalement de la façade du corps central du palais déjà fortement encrassée.
- En 1936 : ravalement des façades rue Louis Gain et le reste des façades sur le Champ de Mars.
- En 1939 : travaux d’entretien sur les couvertures
Les façades et toitures sont inscrites sur l’inventaire supplémentaire des Monuments Historique depuis un arrêté du 29 octobre 1975.
En 1975, un projet d’extension est proposé afin de pouvoir conserver l’ensemble des services judiciaires sur un même site. Le projet est attribué à H. Enguehard et G. Lamaison, architectes. Les travaux débutent en 1977. La 1ère tranche porte sur la construction de bâtiment en bordure de la rue Louis Gain et retour sur la façade arrière en bordure de propriété dans la hauteur du terre-plein existant, à la base de l’édifice. La 2nde tranche concernera les réaménagements et la réorganisation de l’ensemble des bureaux. Une dalle en toiture terrasse encadre désormais le bâtiment existant sur laquelle un parking est aménagé. Sur la partie arrière 2 patios viennent éclairer les bureaux de ce niveau A, crées dans l’épaisseur du terre-plein.
Dans la nuit du 14 janvier 1979, un incendie ravage le palais. Le feu démarre au 2e étage dans les locaux du greffe du TGI. L’incendie s’étend progressivement à la salle des pas perdus, la salle d’assises et le hall d’entrée avec le péristyle. La rapidité des secours sur place permet de sauver l’édifice mais les bureaux du greffe civil du TGI sont sérieusement touchés.
Les entreprises chargées des travaux d’extension encore sur place, sont missionnées d’un certain nombre de travaux de remise en état. Les architectes H. Enguehard et G. Lamaison prennent en charge les travaux les plus importants : la réfection de la salle des pas perdus et de la salle d’audience des assises (plafond désormais en béton avec des toiles tendues au mûr). Les façades intérieures feront l’objet d’un ravalement et la couverture du péristyle sera également refaire à l’identique. Les travaux de réfection s’achèvent en 1981.
Aujourd’hui environ 250 personnes travaillent tous les jours sur le site du palais de justice d’Angers. Il est occupé principalement par 2 juridictions : le tribunal judiciaire et la cour d’appel ainsi que par le service administratif régional. Certains de ces locaux sont également mis à la disposition des avocats ou d’associations (France Victimes 49, médiations 49, le CDAD).
Diaporama Palais de Justice d'Angers