CA ANGERS - 8 mars, la journée internationale du droit des femmes

Les femmes de loi de la région angevine à l’honneur !
07/03/2019 - mise à jour : 08/03/2019
CA Angers - 8 mars

Depuis 1977, la Journée internationale du droit des femmes, constitue une bonne occasion pour se souvenir des pionnières qui ont fait avancer le droit et la justice en France.

En ce 8 mars 2019, la Cour d’appel d’Angers a souhaité mettre en avant le parcours de plusieurs femmes d’exception issues de la région angevine et plus largement du ressort.


 

Germaine BRIERE (née au Mans en 1897 – morte en 1937) fut la première femme avocate inscrite au barreau du Mans.

Après avoir terminé ses études à Caen elle tente de s'inscrire au barreau du Mans mais son inscription est refusée du fait notamment de « son allure trop garçonnière ». Elle fait alors appel de cette décision auprès de la Cour d'appel d'Angers qui ordonne son inscription au tableau du stage du barreau du Mans. Au terme de 5 ans de stage, elle est finalement inscrite au barreau du Mans le 14 octobre 1930.

Germaine BRIERE fut l'avocate des soeurs Papin dans la célèbre et médiatique affaire du même nom. Ce fut également la première femme en France à avoir accompagné son client au pied de l'échafaud.

CA Angers - 8 mars

NB : Deux soeurs, domestiques modèles, ont commis un véritable carnage dans une maison bourgeoise de la ville du Mans le 2 février 1933. Les victimes massacrés et défigurées, sont leur patronne, et sa fille de 21 ans. « Le crime des sœurs Papin : les dessous de l'affaire », Emission RTL « L'heure du crime », présentée par Jacques PRADEL le 27/09/16, http://www.rtl.fr/actu/justice-faits-divers/le-crime-des-soeurs-papin-les-dessous-de-l-affaire-7785010487

Source : Ouest France et site de la Ville du Mans


 

Germaine CANNONE (née en 1909 – morte à Angers en 2009) fut l'une des premières femmes élues à la mairie d'Angers et la première femme élue au conseil départemental de Maine-et-Loire. Originellement professeur d'anglais, elle milita toute sa vie pour la cause des femmes dans la société publique.

Elue à la mairie d'Angers en mai 1945 puis au Conseil départemental lors de la même année, elle est également nommée vice-présidente au Conseil général. Chargée des affaires sociales à la ville comme au département, elle va mettre son engagement politique au service des plus vulnérables et de la cause des femmes. On lui doit notamment la première crèche de la ville, le premier foyer des « vieux travailleurs » et la suppression des maisons de tolérance à Angers (avant même la loi Marthe Richard d'avril 1946).

On lui doit également la baisse de la mortalité infantile grâce à l'instauration de la « Goutte de lait » dans le département (1947) permettant de meilleures garanties sanitaires concernant le lait et des remboursements intéressants des services de santé pour les mamans.

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Source : Archives de la Ville d'Angers

 

 

Michèle GIANNOTTI (née à Paris en 1930) fut la première femme à être nommée au poste de Premier Président de la Cour d'appel d'Angers en 1984.

Après une licence de droit, elle prendre ses premiers contacts avec la vie judiciaire en janvier 1955 en devenant attachée stagiaire auprès du Parquet du Tribunal de grande instance de Paris (l'Ecole Nationale de la Magistrature n'existe pas encore, c'était alors la filière habituelle). Après son admission au concours de la magistrature, elle est affectée comme juge suppléant dans ce même tribunal avant de devenir substitut du procureur à Fontainebleau en 1959, puis juge des enfants à Melun en 1969 avant de prendre le poste de présidente du Tribunal de grande instance de Fontainebleau (1970) puis de Melun (1976). Deux ans plus tard, Madame Michèle GIANNOTTI sera nommé vice-présidente du Tribunal de grande instance de Paris.

Par la suite, elle est affectée à la Direction des services judiciaires (1978-1980) avant d'être nommée Premier président de la Cour d'appel d'Angers, pour deux ans, en 1984. Devenue Directrice de l'Education surveillée en 1986 (ancêtre de la direction de la Protection judiciaire de la jeunesse – DPJJ), Elle finira sa carrière comme conseiller à la 3e chambre civile de la Cour de cassation de 1988 à 1995.

Madame Michèle GIANNOTTI a toujours été une femme engagée. Ceci s'est traduit par un franc investissement syndical (elle fut notamment vice-présidente de l'Union syndicale des magistrats en 1984) et par ses principales publications : « L'agenda du Magistrats » dans la Revue « Pouvoirs », 1981 ; « L'empiètement sur le terrain d'autrui », dans le Rapport de la Cour de cassation en 1992.

En 1975, elle fut faite Officier de l'ordre national du Mérite avant d'être ordonnée Chevalier de la Légion d'honneur en 1995.

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Sources : Archives départementales du Maine-et-Loire et Bibliothèque de la Cour de cassation


 

Chantal VIGNERON (née à Conteville en 1943) fut la première femme avocate du barreau d'Angers à être élue Bâtonnier par ses pairs.

Après des études de droit à Rennes, elle obtient son Certificat d'Aptitude à la Profession d'Avocat (CAPA) le 9 décembre 1968 et prête serment en décembre de la même année. Elle exercera une grande partie de sa carrière au sein du cabinet angevin BEUCHER (devenu aujourd’hui LEXCAP) au côté notamment de Madame Laurence NOSSEREAU, toujours inscrite au Barreau d'Angers avec qui elle partageait une spécialisation en droit des personnes.

Première femme élue Bâtonnier du Barreau d'Angers (72 avocats inscrits) pour les années 1986-1987, elle présidera également le Centre Régional de Formation à la Profession d'Avocat (C.R.F.P.A) en 1993 et 1994. En 2009, Chantal VIGNERON démissionnera du barreau et se verra conférer l'honorariat le 31 mars 2009. Madame le Bâtonnier Chantal VIGNERON a été par la suite Présidente de l’Association des Avocats Honoraires.

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A l'occasion de la rédaction de cet article, l'actuelle Bâtonnier d'Angers, Me Monika PASQUINI a tenu à souligner son engagement constant auprès de la profession.

Sources : Ordre du barreau d'Angers et Madame le Bâtonnier d'Angers, Me PASQUINI


 

Danièle BOURCIER (née à Segré en 1946) est une juriste angevine, essayiste et directrice de recherche émérite au CNRS en droit et technologie. Elle a contribué notamment l'émergence d'une nouvelle discipline en France : l'informatique juridique.

Elle est diplômée d'un DEA en Science politique, d'une licence de lettres modernes, ainsi que d'une maîtrise de linguistique et d'un doctorat en droit public soutenu à la Sorbonne en 1988 après l'obtention d'une bourse d'étude à l'Université Standford. Sa thèse s'intitulait « Analyse des standards de la police municipale : approche décisionnelle » (prix spécial CNRS et ville d'Orléans) et décrivait notamment une première application de l'intelligence artificielle à la décision juridique.

De 1985 à 1997, Madame Danièle BOURCIER dirige le laboratoire informatique Droit Linguistique du CNRS au Conseil d'Etat. En 2004, elle lance et co-dirige en France les licences Creative Commons et donne des conférences de méthode sur la Cybercriminalité et sur l'e-government à la Sorbonne et à Assas, mais aussi des cours à l'Université Paris X, l'ENSTA ParisTech, Science Po, l'ENM et l'ENA au fil de sa carrière. Elle est régulièrement invitée dans de nombreux pays européens pour venir parler en tant que professeur et chercheur de ses travaux (Suède, Allemagne, Pays-Bas, etc.).

Depuis 2008, elle dirige entre autre le groupe Droit, gouvernance et technologies au centre d'études et de recherches de science administrative (CERSA) et occupe le poste de chercheur associé au centre Marc Bloch à Berlin ainsi qu'au laboratoire IDT de l'Université Autonome de Barcelone. En 2011, elle devient membre du Comité d'éthique du CNRS (COMETS) et de la Commission d'éthique des technologies d'Allistene où son travail porte principalement sur l'Open science, l'Open Data, la protection des données personnelles et l'évolution du droit d'auteur.

Elle a rédigé depuis 1995, plus d'une dizaine d'ouvrages autour de l'informatique juridique : La décision artificielle : le droit, la machine et l'humain (1995) ; Droit et intelligence artificielle (2000) ; Open date & big data : nouveaux défis pour la vie privée (2016), etc.

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Sources : Bibliothèque nationale de France, Cercle K2 et Wikipédia

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CA Angers - 8 mars

Source : Journée internationale du droit des femmes

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