Les tapisseries de la cour d'appel

17/09/2020 - mise à jour : 26/11/2020

Au cours de l'été 1975, deux des trois pièces de l'histoire d'Ulysse et une des cinq pièces de celle de Circé ont été volées.

Les malfaiteurs, au cours d'un très violent orage nocturne, sont entrés à l'aide d'une échelle jusque dans la salle de la première chambre, pour décrocher les tapisseries et les dérober. Ayant vraisemblablement fait l'objet d'une commande, ces quatre tapisseries ont été emmenées aussitôt en Italie.

L'enquête a permis de les retrouver en 1977 chez un antiquaire italien dont il n'a pas été possible de déterminer s'il était ou non informé de la provenance frauduleuse. Dès lors, se sont engagées d'âpres négociations entre l'Italie et la France pour fixer les conditions financières dans lesquelles ces tapisseries volées pourraient être restituées.

Durant ce temps, elles avaient été remises à l'ambassade de France en Italie et ornaient, dit-on, le bureau de l'ambassadeur de France au palais Farnèse.

Ce n'est qu'en 2005 que ces tapisseries ont pu être restituées à la cour d'appel de Riom. Elles ont été raccrochées à leur place initiale faisant l'objet désormais d'une protection par alarme.

La dernière pièce manquante, une des pièces de l'histoire de Circé représentant les compagnons d'Ulysse arrivant au palais de la magicienne, n'a jamais été retrouvée.

 


L'histoire d'Ulysse

Ces tapisseries sont sans doute plus anciennes de la cour d'appel de Riom puisqu'elles ornent ses murs depuis 1805.

En laine et soies elles portent les marques de l'atelier d'Amiens et ont vraisemblablement été tissées dans le premier tiers du XVIIe siècle.

Elles traitent des scènes de l'odyssée.

Elles ont été classées à l'inventaire des monuments historiques en mars 1909.

 

Le festin offert aux compagnons d'Ulysse par la magicienne Circé

Salle Michel de l'Hospital

Ulysse est parvenu à convaincre Circé qu'elle rende à ses compagnons, qu'elle avait transformés en porcs, leur apparence humaine.

L'Odyssée précise même que les compagnons sont devenus des hommes plus beaux qu'auparavant.

Circé leur offre un banquet (Circé se reconnaît à sa baguette magique en bois).

On peut remarquer sortant à droite de la table, l'un d'entre eux qui a encore son apparence de porc.

 


L'incinération d'Elphénor

Salle Michel de l'Hospital

Ce compagnon d'Ulysse cherchant la fraîcheur après le trop bon festin offert par Circé s'était endormi sur la terrasse du palais de la magicienne.

Ulysse ayant obtenu de Circé la permission et les moyens de reprendre la mer avec ses compagnons pour retourner en Grèce, se dirige avec ses compagnons vers leur bateau.

Réveillé par leurs cris de joie, Elphénor se précipite de la terrasse au lieu de prendre les escaliers. La chute est mortelle.

Ulysse et ses compagnons lui rendent les derniers honneurs en incinérant son corps.

 

Ulysse reconnu par son chien Argos

Secrétariat de la première présidence

La scène est bien connue. A son retour à Ithaque, Argos le chien qu'Ulysse avait nourri, est un des seuls à le reconnaître.

 

 

L'histoire de Circé

Ces tapisseries en laine et soie sont présentes à la cour d'appel de Riom depuis 1810. Elles ont été tissées à la fin du XVIIème ou au début du XVIIIème siècle. Elles pourraient provenir d'Anvers.Elles ont été classées à l'inventaire des monuments historiques en mars 1909.

L'histoire de Circé est souvent ramenée à un simple épisode de celle d'Ulysse.Le sujet de ces tentures est principalement centré sur les événements liés à la rencontre du héros et de la magicienne.L'artiste s'est semble-t-il référé en partie au texte de l'Odyssée d'Homère et en partie à celui des métamorphoses d'Ovide.

 

Hermès indique à Ulysse le chemin du palais de Circé

Bureau de la première présidence

Ulysse précédé par le dieu Hermès arrive au palais de Circé.

Il sait qu'elle va lui présenter le breuvage qui doit le transformer, comme ses compagnons, en pourceau.

Mais Hermès l'a muni d'un contrepoison.

Les animaux présents (lion, singe, tortue, perroquet...) rappellent que Circé avait l'habitude de transformer ses visiteurs hommes en toutes sortes d'animaux.

 

Ulysse boit le breuvage préparé par Circé

Bureau de la première présidence

Circé le touche de sa baguette magique pour qu'il devienne pourceau comme le sont devenu ses compagnons (deux porcs au premier plan).

Grâce au contrepoison, le breuvage n'agit pas d'où l'étonnement qui se lit sur le visage des servantes et du héraut d'armes.

 

Une promenade

Bureau de la première présidence

Circé n'ayant pu arriver à ses fins accorde à Ulysse une promenade sentimentale dans ses jardins. Ils sont suivis par le dieu de l'amour.

 

Une tapisserie controversée

Bureau de la première présidence

Cette tapisserie a pendant très longtemps été considérée comme représentant Ulysse et la princesse Nausicaa.

Selon Homère, Ulysse est apparu à Nausicaa "plus grand que nature" d'où la représentation d'Ulysse à la manière des statues équestres de Louis XIV. On note la présence de deux petits amours en bas à droite la tapisserie, qui s'apprêtent à parachever, dans le cœur de la jeune fille, l'œuvre de l'admiration.

Plus récemment, on a avancé que cette tapisserie représentait en réalité le roi Picus apparaissant à Circé. En effet, un texte des métamorphoses d'Ovide, décrit le roi Picus chevauchant dans les bois, deux javelots en main pour chasser le sanglier, lors qu'apparaît Circé, aussitôt séduite par le cavalier.

Le roi ayant refusé les avances de la magicienne, celle-ci le transforme à jamais en picvert.

 

 

Le jugement de Salomon

Salle Jean Monnet

Datée du troisième tiers du XVIIème siècle, cette tapisserie représente l'histoire bien connue et tirée de la Bible, celle du roi Salomon s' apprêtant à couper en deux un enfant dont la maternité était revendiquée par deux femmes. La véritable mère renonce finalement à revendiquer sa maternité pour sauver son enfant. Salomon la reconnaît comme la mère.

Cette tapisserie, acquise plus récemment par la cour d'appel, est paradoxalement l'une de celle pour laquelle on dispose de moins de renseignements. Elle provient vraisemblablement d'Aubusson et orne actuellement un des murs de la salle d'audience de la cour d'assises.

 

 

Scène de chasse

Antichambre du parquet général (inaccessible au public)

 

Datée du début du XVIIIème siècle

Cette scène de chasse au lapin a pu être tissée dans un atelier secondaire des Flandres.

Ce type de décor, très fréquent dans les demeures à cette époque, est souvent inspiré des estampes d'Antonio Tempesta (1555-1630), artiste prolifique dont l'œuvre vu largement diffusée.

Cette œuvre est intéressante par les détails de la végétation et les instruments de chasse d'une scène à vrai dire peu réaliste.