L’esprit de Liberté à Toulouse au temps du Parlement (1443 -1790)

06/05/2019 - mise à jour : 06/05/2019
portraits ouvrage Hilaire Pader

                           Extrait de l'ouvrage de Hilaire Pader, Musée Paul-Dupuy, Toulouse

Dans le cadre « du 400 anniversaire du bucher de Vanini », l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse (Hôtel d’Assézat), l’université Toulouse Jean-Jaurès, la Librairie des Ombres Blanches, en partenariat avec la cour d’appel de Toulouse et le musée Paul-Dupuy ont organisé les 17, 18 et 19 avril un colloque sur « L’esprit de Liberté à Toulouse au temps du Parlement (1443 -1790) ».

Selon un discours aujourd’hui répandu, Toulouse serait un lieu d’essor de la liberté. On souligne l’héritage de Jean Jaurès. On insiste sur la tradition de la République espagnole. On met en valeur combien la ville rose serait une « terre d’envol » voire, presque naturellement, une ville rouge. Le 400e anniversaire de la mort de Jules César Vanini, le 16 février 1619, invite à revenir sur ces lieux communs, qui font en partie mythe.

Le philosophe et humaniste napolitain connu également pour son goût de la science – la médecine et l’astronomie -  s’enthousiaste pour les idées de son époque et pour les théories de Galilée et la philosophie d’Aristote.

Docteur en droit civil et en droit canon il se convertit au protestantisme et après un séjour en Angleterre revient à Paris où il fréquente de grands seigneurs libertins, qu'il divertit par sa conversation brillante et son goût pour la provocation.

Ses publications sont dénoncées par les censeurs qui lui reprochent ses blasphèmes. Vanini se réfugie à Toulouse avant d’être arrêté en novembre 1618. Son procès ressemble à un règlement de comptes. Reconnu coupable « d’athéisme, de blasphèmes d’impiété et autres excès », le 9 février 1619, il est condamné par le Parlement de Toulouse – sous la présidence du premier président Gilles Le Mazuyer et sur les réquisitions du procureur général Guillaume (de) Catel -  à avoir la langue arrachée, puis à être brûlé. Dix jours plus tard, il est supplicié sur la place du Salin à Toulouse.

Plaque Vanini

 

Durant trois journées, sous la direction d’éminents universitaires, les professeurs Didier Foucault, Olivier Guerrier et Yves Le Pestipon, des spécialistes de différents horizons, historiens, philosophes, religieux, spécialistes de la littérature, des arts, des sciences, ont brossé un portrait du philosophe italien Vanini, de son époque, de Toulouse, du Parlement et de sa justice.

Loin des idées reçues ce colloque a été l’occasion de s’interroger sur des sujets encore très contemporains, comme la liberté religieuse, de conscience et d’expression, la tolérance, le respect de l’altérité.

Le colloque s’est terminée dans la Grand ‘Chambre de la cour d’appel de Toulouse, ancien Parlement du Languedoc, lieu même ou fut condamné Jules César Vanini il y a 400 ans, avec une présentation tout à fait exceptionnelle des trois livres de Hilaire Pader (peintre toulousain mort en 1677), présentant les portraits et armes du Parlement de Toulouse depuis 1444, propriétés du musée Paul-Dupuy.

Une visite des lieux historiques du parlement a ponctué ces trois journées érudites.

 

Pièces jointes :

Affiche du colloque

Arrêt de condamnation de Jules César Vanini du 9 février 1619 – archives départementales de la Haute-Garonne

Extraits des portraits et armes des parlementaires à l’époque du procès de Vanini – Ouvrage de Hilaire Pader, Musée Paul-Dupuy, Toulouse.