Histoire du palais de justice de Toulouse et présentation des locaux historiques

20/07/2018 - mise à jour : 15/02/2019

Au XII ème siècle, les comtes de Toulouse érigent contre le rempart romain (dont un dernier vestige, long de sept mètres, est encore visible aujourd'hui dans les locaux de la cour d'appel), sans doute à l'emplacement d'une ancienne porte fortifiée, une puissante forteresse destinée à défendre l'entrée sud de Toulouse : le château narbonnais. A la réunion du comté de Toulouse à la couronne de France, en 1271, le château narbonnais devient le siège de l'administration royale, du sénéchal et du viguier.

En 1443, Charles VII décide de créer à Toulouse un "parlement" (c'est-à-dire une cour de justice) sur le modèle du parlement de Paris, créé par Saint-Louis pour juger en appel au nom du roi. Le parlement de Toulouse doit beaucoup à l'action menée par les Etats du Languedoc, qui depuis longtemps le réclamaient, au nom de l'éloignement du parlement de Paris et de la spécificité du droit méridional.

Le parlement de Toulouse sera donc le premier du genre créé en province. Il étend au début son ressort du Rhône à l'Atlantique, des Pyrénées au Massif Central, mais la création du parlement de Bordeaux, en 1462, lui enlève la Guyenne, la Gascogne, les Landes, l'Agenais, le Béarn et le Périgord.

Le 4 juin 1444, le nouveau parlement de Toulouse s'installe dans une salle du château narbonnais, mais sa rentrée solennelle n'aura lieu que le 11 novembre suivant, sous la présidence du premier président Aynard de Bletterens.

En 1492, la "salle neuve" du château est livrée : c'est la grand-chambre qui jusqu'à aujourd'hui n'a pas changé d'emplacement. A cette époque, le château narbonnais est déjà très dégradé. On prend la décision de le démolir en 1549, et on confie à l'architecte Nicolas Bachelier le soin de le reconstruire dans le style Renaissance. Nicolas Bachelier meurt en 1556, et son successeur, Dominique Bertin, ne pourra achever les travaux.

En 1576, l'endroit dégagé par les démolitions est concédé à des marchands et boutiquiers. Dès lors, le parlement va se développer de façon anarchique vers l'est (emplacement actuel de la cour d'appel et de la cour d'assises), au milieu d'un quartier commerçant animé.

En 1783, l'architecte Jean-Arnaud Raymond propose un plan de reconstruction, en vertu duquel on rase l'ancienne conciergerie, ultime vestige du château narbonnais (1788), et la tour de l'Horloge. Mais la Révolution met un coup d'arrêt au chantier. Il faut attendre la réorganisation de la justice en 1810-1811 pour qu'enfin on dote d'un palais de justice digne de ce nom la "cour impériale" de Toulouse.

La cour d'assises est érigée entre 1824 et 1831, la cour d'appel entre 1824 et 1833, la prison entre 1822 et 1827, le tribunal de première instance entre 1844 et 1851. Cet ensemble est l'oeuvre de l'architecte Jean-Pierre Laffon. Conséquence des travaux : les petites rues, places, portes, vestiges de l'ancien château narbonnais mêlés aux bâtiments judiciaires, disparaissent.

A l'angle de la place du Parlement et des allées Jules Guesde, se trouve un bâtiment triangulaire, qui fut d'abord la prison, érigée entre 1822 et 1827, avant de devenir gendarmerie en 1896, lors de la construction de la prison Saint Michel . En 1971, il permet une première extension du tribunal de grande instance.

Une deuxième extension rendue nécessaire par l'insuffisance des surfaces intervient en 1986 par l'acquisition de locaux situés rue Darquier où est installé le service des affaires familiales. Jusqu'à son déménagement dans l'avenue Camille Pujol en février 2000, le tribunal d'instance est situé au 12 des allées Jules Guesde ; il avait été construit courant 1965-1966 sur les plans des architectes Brunerie et Alet.

Entre 1996 et 2008 sont entrepris les travaux de reconstruction du tribunal de grande instance de Toulouse sous la direction de l’architecte Pascal Prunet. Le nouveau tribunal est inauguré en 2008 par Madame Rachida Dati, Garde des Sceaux et comprend un corps de bâtiments neufs et une salle des pas perdus composée de verre, de béton et d’acier, la voute culminant à 25 mètres. Le tribunal englobe le mur médiéval du château royal du 13ème siècle et la façade gothique de la Grand’ Chambre de la cour d’appel.

En 2005, à l’occasion des fouilles sur le site du palais de justice sont découverts les vestiges du château des comtes de Toulouse, le château Narbonnais, la porte sud de la ville antique de Tolosa et la voie romaine, la Via Aquitania, allant de Narbonne à Bordeaux. Une crypte souterraine sous le palais de justice, accessible au public, conserve ces vestiges.

Plusieurs opérations de rénovation de la cour d’appel sont également entreprises entre 2008 et 2017 permettant une remise aux normes des bâtiments datant du 19ème siècle et une restauration des façades et de la cour d’honneur. Avec la fin des travaux d’embellissement de la place du Salin et la remise en place de la statue de Cujas, célèbre « Jurisconsulte » du 16ème siècle, un "plan lumière" va être mis en place pour la mise en valeur de l’ensemble du palais de justice.

 

Un peu d'histoire