François Auger, un tueur en série ?

Une conférence proposée par le tribunal judiciaire de Niort à l’occasion de la Nuit du Droit 2021.
06/10/2021 - mise à jour : 06/10/2021

En août 1841, la Cour d’assises des Deux-Sèvres a reconnu François Auger coupable d’avoir empoisonné son épouse, Marie-Jeanne, le 7 février 1841. Malgré ses dénégations, il est condamné aux travaux forcés à perpétuité. L’instruction révélera que dans les années précédentes, sa mère, son frère et sa première épouse étaient décédés dans les mêmes circonstances exactement. Le motif n'en est pas clair car l'instruction n'a pas permis d'identifier formellement les causes de ce décès mais il semble qu'il s'agissait de précipiter des héritages qui tardaient à venir.

Dans la même salle où le procès s’est tenu, Olivier Goudeau raconte cette affaire criminelle par le détail. Historien, il est l'auteur d'un mémoire de 3e cycle sur les affaires criminelles dans les Deux-Sèvres et a publié de nombreuses chroniques de ces crimes du temps passé dans la presse régionale.

Puis, l’adjudant-chef Sébastien Chottin, technicien d’identification criminelle à la gendarmerie de Niort, le docteur Alexia Delbreil, médecin légiste, au CHU de Poitiers, Mélanie Mistral et Gérald Faucou, vice-présidents au tribunal judiciaire de Niort, tous deux anciens juges d’instruction, sont revenus sur cette affaire pour exposer au public comment on enquêterait et on jugerait ce crime s’il survenait aujourd’hui.

Il est difficile de résumer en quelques lignes toute la richesse de deux heures de conférence. Notons quelques points saillants :

- le délai d'intervention de l'institution judiciaire. En 1841, il faut quatre jours à la justice pour intervenir. C'est la communauté villageoise qui s'est émue de cette quatrième mort dans l'entourage d'Auger, qui fait intervenir le maire, puis le juge de paix du canton, puis le procureur de Roi à Parthenay. Aujourd'hui, évidemment, le décès aurait été jugé suspect et la gendarmerie serait aussitôt intervenue.

- une enquête entièrement réalisée par des magistrats. C'est le substitut du procureur du Roi et le juge d'instruction qui, seuls, mènent l'enquête et procèdent à toutes les auditions. La gendarmerie n'a qu'un rôle purement matériel. Aujourd'hui, l'enquête aurait été menée par la brigade de recherches de Parthenay, sous le contrôle et la direction des magistrats mais dont le rôle serait moins directif.

- des moyens de police technique et scientifique encore limités. L'autopsie et les analyses toxicologiques, avec des moyens étranges (on brûle un morceau d'intestin sur des charbons et l'odeur qui s'en dégage fait penser à de l'arsenic), ont permis de prouver la présence d'arsenic dans le corps de la victime. Aucun dosage cependant n'est possible. Aucun prélèvement n'est fait sur les personnes avec qui la victime avait dîné le soir de sa mort, pour procéder à des comparaisons. Aujourd'hui, l'enquête technique aurait été beaucoup plus complète.

- l'absence de tout dossier de personnalité. On ne sait rien du criminel, François Auger, ou presque. Aucune analyse de sa personnalité n'est faite alors pourtant que de nombreux éléments du dossier y conduisaient, à commencer par le fait qu'on le soupçonne d'avoir empoisonné quatre membres de sa famille.

- des délais de jugement très brefs. Le crime a lieu en février, l'arrêt d'assises intervient en août.

On espère pouvoir mettre en ligne un enregistrement sonore de cette conférence, qui était une première au palais de justice de Niort.

Informations pratiques

2 rue du palais
79000 NIORT
France