Caen : un palais de justice du XXème siècle

Mieux comprendre l'architecture du Palais Gambetta
11/07/2018 - mise à jour : 14/08/2018

Le palais de justice Gambetta, siège de la cour d'appel de Caen, a été inauguré en 1997. L'agence "Architecture Studio", qui a conçu le projet, a voulu des espaces ouverts, transparents, donnant les clés de l'organisation judiciaire. Si des visites sont parfois proposées lors des journées du patrimoine, chacun peut, pendant les heures ouvrables, accéder à la grande salle des pas perdus et admirer la vue d'ensemble qui s'en dégage.

Le palais de justice de la place Gambetta

 

Historique

C'est en 1992 qu'après l'abandon d'un premier projet de restructuration et d'extension du palais Fontette défini en 1989/1990, la décision fut prise de construire un nouvel édifice.

Afin de regrouper les juridictions caennaises jusque là éparpillées sur quatre sites, le choix fut alors fait que le nouveau palais de justice accueillerait la cour d'appel de Caen, la cour d'assises du Calvados, ainsi que le tribunal de commerce et le conseil de prud'hommes de Caen.

A la suite de négociations foncières avec la mairie de Caen, le ministère de la justice saisit l'opportunité d'acquérir un terrain dans la ZAC Gardin.

Ce terrain, situé à cinq cent mètres de l'ancien palais et près de l'hôtel de ville, de la préfecture, de la poste et d'un établissement scolaire, correspondait à la volonté du ministère de maintenir ses juridictions dans un centre institutionnel au coeur de la ville.

vue sur l'abbaye aux hommes

En juin 1993, le jury du concours d'architecture et d'ingénierie, présidé par le préfet de la région Basse-Normandie, nomme lauréate l'équipe de maîtrise d'oeuvre associant l'Agence Architecture studio et le bureau d'études techniques Oger International.

A la suite d'un appel d'offres, l'entreprise Quille est désignée attributaire du marché de travaux et le chantier démarre en mai 1995.

Le palais de justice de la place Gambetta

L'architecture du nouvel édifice - concilier innovation et tradition

Le monument revendique son appartenance à la fin du XXème siècle mais côtoie dans l'harmonie la préfecture napoléonienne, l'hôtel de ville classique, l'abbaye aux hommes de signatures romane, gothique et classique et la poste datant des années 1950.

La silhouette futuriste du bâtiment affirme une identité spécifique et une fonction symbolique.

Les composants tels que le porche, l'emmarchement, le portique et les piliers désignent un lieu de justice et favorisent l'intégration dans l'environnement.

La volonté d'établir un lien entre l'intérieur et l'extérieur est marquée par les choix architecturaux. C'est ainsi que part et d'autre de l'entrée, deux belvédères sont conçus comme des espaces intermédiaires ouverts offrant la ville au regard.

En haut des marches d'accès, un resserrement horizontal suivi d'un sas vitré constitue un trait d'union entre la salle des pas perdus majestueuse et l'emmarchement monumental orienté vers la place Gambetta.

l'entrée du palais de justice

Les salles d'audience des quatre juridictions, éléments majeurs de la construction, sont exprimées aux angles de l'édifice par des volumes simples et orthogonaux.

La lisibilité de la structure intérieure du bâtiment est renforcée par l'utilisation du verre pour la verrière zénithale de la salle des pas perdus, la façade d'entrée, les ascenseurs panoramiques, les stores translucides des coursives et les cloisons frontales de certaines salles d'audience.

le hall du palais de justice


L'accessibilité du nouvel édifice

La signalétique du bâtiment est simple et réduite. Le public est directement orienté vers l'accueil central de la salle des pas perdus, commun aux quatre juridictions.

Des lieux d'attente sont prévus devant chaque salle d'audience. Ils sont intégrés dans le volume confidentiel des salles pour les juridictions civiles, commerciales et sociales et extérieurs pour les audiences correctionnelles et d'assises afin de les rendre "publics".

attente civile

L'organisation fonctionnelle des circulations facilite l'accessibilité aux différents services.
Une coursive sur chaque niveau longe la salle des pas perdus et des passerelles permettent d'atteindre la bibliothèque et de relier certains services.

Les juridictions se répartissent sur cinq niveaux, chacun correspondant à un secteur spécifique ce qui permet de réunir l'ensemble des personnels traitant des mêmes affaires.

L'entresol est réservé aux divers espaces communs et aux locaux affectés aux avocats.

La charpente intègre la bibliothèque cylindrique qui, suspendue au dessus de la salle des pas perdus, occupe par sa position centrale une place symbolique.

la bibliothèque

 

Les salles d'audience

Elles sont réparties sur différents étages et se singularisent par le traitement plastique de leurs façades extérieures.

Au troisième étage, un revêtement textile habille les salles d'audience civile Olympe de Gouges et Malesherbes.

Sur la mezzanine du premier étage, le cuivre et le teck confèrent à la salle d'audience correctionnelle René Cassin et à la salle d'assises Alexis de Tocqueville une exceptionnelle majesté.

l'atrium

La salle d'audience du tribunal de commerce Michel de l'Hospital et la salle des prud'hommes Montesquieu, en marbre et pierre de lave, se situent au rez-de-chaussée.

L'emploi du hêtre pour le traitement intérieur des salles d'audiences accentue l'ambiance confidentielle.

l'intérieur de la salle d'assise

La finition du nouvel édifice

L'inclinaison de 5% des façades du bâtiment, opposée à l'horizontalité des lisses rappelle la silhouette d'un bateau.

La structure en béton armé est habillé d'une vêture de tôles d'aluminium laqué.

Des filtres visuels intégrés aux vitres au moyen d'une sérigraphie noire protègent les locaux à caractère confidentiel.

Les lisses en fibre de verre et de carbone sont à leur surface métallisées en gris aluminium.

la façade du palais de justice

L'intérieur du bâtiment est caractérisé par la diversité des matériaux, la répartition des volumes et la sobriété des couleurs (gris, noir, blanc, bois).

L'éclairage du bâtiment, tant diurne que nocturne, renforce les contrastes.

La lumière diffusée par la verrière zénithale se réfléchit sur les matériaux en différentes nuances évoquant un kaléidoscope.

une coursive

Les circulations des bureaux sont isolées des espaces publics par une paroi translucide composée de stores mobiles en lames de verre trempé qui laisse filtrer une lumière indirecte.

Sur la mezzanine, une rampe lumineuse est incluse dans des pavés de verre au sol.

Le précâblage du bâtiment permet le développement d'applications en réseau facilitant les échanges entre tous les utilisateurs.d'installations informatiques.