Carine Halley, procureur de la République de Quimper

Portrait d'une actrice de la justice
12/02/2021 - mise à jour : 12/02/2021
Carine Halley, procureur de la République de Quimper

Entretien avec Carine Halley, procureur de la République de Quimper depuis novembre 2020.

Quel est votre parcours professionnel ?

Après huit ans passées au ministère de l'économie et des finances au sein duquel j'ai occupé des postes me permettant des liens étroits avec l'institution judiciaire, j'ai intégré la magistrature en 1999 (promotion Nelson Mandela de l'ENM).

Parquetière par choix depuis ma sortie de l'ENM, j'ai exercé au sein de juridictions principalement située à l'Ouest.

Mon premier poste de substitut m'a conduite à Saumur en 2001. J'ai quitté ces fonctions en 2009, quelques mois avant la fermeture de la juridiction, pour rejoindre Lorient en tant que vice-procureur. En juin 2014, je suis revenue à Saumur, en qualité de procureur de la République dans le cadre de la réimplantation de la juridiction, expérience totalement inédite et très enrichissante qui a consisté à donner vie à cette nouvelle structure, de la doter de tous les outils nécessaires à son fonctionnement, afin qu'elle ne soit plus une juridiction réimplantée, mais qu'elle devienne une juridiction à part entière.

En 2017, j'ai été nommée procureur de la République aux Sables d'Olonne, dans un ressort comportant 165 km de littoral et une activité juridictionnelle très fortement impactée par la saison estivale.

En novembre 2020, j'ai rejoint le Bretagne et ai été installée dans mon troisième poste de chef de juridiction à Quimper, juridiction du groupe 3, au chef-lieu de préfecture.

Quelles ont été vos premières impressions une fois installée au sein du tribunal judiciaire de Quimper ?

Le tribunal de Quimper ne m'était pas complètement inconnu. J'avais eu l'occasion d'y venir plusieurs fois lorsque j'étais en poste à Lorient et j'avais souhaité y faire mon stage juridictionnel de nouveau chef de juridiction.

Pour autant, j'ai découvert en arrivant en novembre dernier un tribunal différent de celui de mon souvenir, plus spacieux, moderne et fonctionnel, dans certains de ses aspects, grâce au programme de travaux et d'agrandissement dont il a bénéficié en 2016.

J'ai tout de suite perçu une ambiance de travail positive et accueillante avec une très forte implication de tous les acteurs judiciaires dans la bonne marche de la juridiction.

Les premiers échanges que j'ai pu avoir avec les différents interlocuteurs m'ont confortée dans le constat que la juridiction fonctionne bien mais que des pistes de modernisation et de simplification et de fluidification des circuits pourraient être mis en place pour le bénéfice de tous.


Avez-vous des projets que vous souhaiteriez développer, soutenir à Quimper ou des projets qui vous tiennent à cœur ?

Un premier projet va s'imposer à moi comme à l'ensemble des acteurs de la juridiction puisqu'un vaste programme immobilier va s'ouvrir à nouveau dans les mois qui viennent et va nous occuper durant deux ans. En lien avec la présidente du tribunal et avec la directrice de greffe, je veillerai à ce que cette période soit vécue de la manière la plus sereine possible et que le fonctionnement de la juridiction soit le moins perturbé possible, ayant à l'esprit qu'in fine, le projet a vocation à permettre un meilleur accueil des justiciables et à doter les agents et auxiliaires de cette juridiction d'un environnement de travail plus moderne et adapté à leurs besoins.

En qualité de chef de parquet, j'ai à cœur de développer la justice de proximité et compte renforcer mon équipe de délégués pour y parvenir et mettre en place des réponses pénales variées, adaptées, dans une plus grande proximité géographique et temporelle, avec une attention toute particulière pour la justice des mineurs.

La dématérialisation des procédures pénales est bien évidemment un autre défi à relever en partenariat étroit avec les services d'enquête et le barreau. Déjà présente à Quimper, elle pourra être encore davantage développée.

S'agissant de mes priorités en terme de politique pénale, j'ai clairement identifié la lutte contre les trafics de stupéfiants et la lutte contre les addictions de quelque nature qu'elles soient, problématiques qui impactent très sévèrement le ressort, de même que la lutte contre les violences intra familiales qui imposent la poursuite du développement des politiques partenariales déjà engagées.

Plus que de projets, c'est d'un état d'esprit dont je souhaite témoigner ici : j'ai le souci de tisser des liens constructifs fondés sur le pragmatisme, la proximité, la confiance et la loyauté, à l'intérieur de la juridiction comme avec nos partenaires institutionnels.

J'ai pu avec confiance me rendre compte que ces valeurs sont très partagées sur le ressort.