Histoire et patrimoine du palais de justice de Pau
© Crédit photo : Renaud CHIRON / chef de cabinet auprès du procureur général - CA Pau
"Née d'un château, dont les maîtres devinrent princes de Navarre, puis de France, ville de parlement ensuite, Pau doit tout à sa fonction de capitale d'un petit État, puis de Relais local de la capitale nationale.
La Révolution a bien mis fin à la spécificité du Béarn, à l'idée même d'un royaume de Navarre et au Parlement, mais elle a maintenu ce que l'on peut appeler une fonction d'encadrement.
Le fait décisif fut le décret du 14 octobre 1790 qui établi à Pau le chef-lieu du département des Basses-Pyrénées, objet d'une vive concurrence entre Pau, Navarrenx, Bayonne et Oloron. La loi du 27 Ventôse An VIII (18 mars 1800) fut presque aussi importante , qui en réorganisant la justice - le Parlement de Navarre avait été supprimé en 1790 - fit de Pau un des vingt neuf tribunaux d'appel, lui maintenant un peu de lustre conféré par le ci-devant Parlement. Le personnel fut alors fixé à un président, douze juges, un commissaire du gouvernement et un greffier ; il y avait en outre vingt avoués et six huissiers.
Ce tribunal reçut par la suite divers noms suivant les circonstances politiques :
- Cour impériale ;
- Cour royale ;
- Cour d'appel ;
Son ressort comprenait les trois départements des Basses-Pyrénées, des Hautes-Pyrénées et des Landes, ce qui donnait à la ville un rôle véritablement régional et une prééminence sur ses "rivales" car la fonction judiciaire gardait, des prétentions passées des Parlements, un prestige dont on a plus idée actuellement. C'était en outre une amorce de ce que l'on appelle aujourd'hui "les Pays de l'Adour".
Ce rappel historique, emprunté à l'ouvrage collectif intitulé "Histoire de PAU" publié sous la direction du professeur Tucco-Chala par les éditions Privat, situe judicieusement la cour d'appel dans son contexte historique, géographique et administratif, au centre d'un bassin traversé et irrigué par l'Adour qui prend sa source dans les Hautes-Pyrénées, parcourt les Pyrénées-Atlantiques et des Landes et rejoint l'Océan à Bayonne, non sans avoir invoqué au passage le Gers, département de Midi-Pyrénées, attaché à la cour d'appel d'Agen.
Bordé au sud par le massif pyrénéen marquant la frontière espagnole, au Nord par le massif forestier des Landes, à l'est par les pays agricoles du bassin de la Garonne et à l'Ouest par l'océan atlantique, le ressort de la cour d'appel de Pau s'étend aux départements Hautes-Pyrénées (65), parcourt les Pyrénées-Atlantiques (64) et des Landes (40).
Couvrant un territoire de 21.346 km², ces trois départements à la géographie et à l'économie contrastées tirent leur originalité de l'importance de la zone de montagne et de la proximité de l'Espagne, du haut niveau des activités industrielles développées autour du bassin de l'Adour, jusqu'à son estuaire abritant le port de Bayonne, de la diversité de l'agriculture et des activités agro-alimentaires et de l'attraction d'une bande littorale de plus de 150 kilomètres, étirée le long du Golfe de Gascogne.
La cour d'appel de Pau est située à cheval sur deux régions administratives avec d'une part deux départements composant le sud de l'Aquitaine (Landes et Pyrénées-Atlantiques en s'inscrivant dans un axe transfrontalier reliant notamment les provinces basques des deux pays et, d'autre part, le département des Hautes-Pyrénées, l'un des huit départements de la région Midi-Pyrénées).
L'actuel palais de justice, orné d'une façade de colonnes et d'un fronton en marbre blanc, fut construit en 1847 et fut achevé en 1856. Il fut entouré de jardins et de rues nouvelles créées sur l'ancien domaine des Cordeliers, ancien couvent, racheté par la Municipalité et qui abritait au début du XIXème siècle notamment l'hôtel de ville ainsi qu'une partie des Tribunaux alors que le palais de justice proprement dit se trouvait dans le vieux Parlement de Navarre sur l'emplacement de la maison des évêques de Lescar, incendié en 1716 et reconstruit sur le même emplacement.