Droit local

10/10/2019 - mise à jour : 26/02/2020
Droit local

Histoire

L'existence d'un droit local propre aux départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle est le fruit de l'histoire mouvementée de ces territoires aux XIXe et XXe siècles, et tout particulièrement de leur annexion à l'Empire allemand entre 1870 et 1918.

Après le retour de ces trois départements à la France en 1918, le législateur a fait le choix d'y introduire le droit français général tout en maintenant en vigueur certains textes antérieurs et en édictant des règles spéciales. Cela a été l'objet de deux lois du 1er juin 1924 qui ont introduit la législation civile et commerciale française dans les trois départements.

Depuis 1924, le mouvement d'unification du droit local et du droit français général s'est poursuivi, notamment à l'occasion des réformes successives du droit général. Cette unification ne s'est d'ailleurs pas opérée en sens unique, car le droit local a parfois servi d'inspiration aux réformes du droit général, notamment avec la réforme des procédures civiles d'exécution et l'introduction des procédures de surendettement et de rétablissement personnel.

 

Les matières concernées par le droit local

Le livre foncier

En Alsace, la publicité foncière est assurée par le service du livre foncier, relevant du ministère de la Justice, que l'on trouve dans chaque tribunal judiciaire.

Le livre foncier a été instauré en lieu et place de la conservation des hypothèques à l'époque de l’Alsace Moselle. Il est régi par la loi civile du 1er juin 1924, réformée par les lois du 4 mars 2002 et du 25 mars 2009 en vue de conformer les règles légales à l'informatisation du livre foncier.

Le Livre foncier permet l'identification des immeubles ainsi que des droits de propriété, servitudes, charges et sûretés portant sur ces immeubles, et l'identification des personnes titulaires de droits inscrits.

Registre destiné à la publicité des droits réels immobiliers, il a pour objectifs de renseigner les tiers sur la situation juridique des immeubles inscrits, de rendre opposables les droits aux tiers et de régler les conflits de rang entre les droits

Le droit local social

Plusieurs dispositions de droit local issues des codes allemand des professions et du commerce s'appliquent aux salariés qui exercent principalement leur activité en Alsace-Moselle.

Ces dispositions parmi lesquelles se trouvent le maintien du salaire en cas de maladie, la durée du préavis, les mesures relatives au repos dominical et aux jours fériés, la clause de non-concurrence et le droit local de la sécurité sociale, ont été intégrées pour la plupart dans le code du travail.

Le partage judiciaire

Le partage judiciaire, régi par la loi du 1er juin 1924, est une procédure judiciaire destinée au partage de biens meubles et immeubles dépendant d'une communauté, d'une indivision, d'une succession.

Soumis aux règles applicables en matière gracieuse, le partage judiciaire est ordonné par le tribunal judiciaire qui statue sur la requête d'un créancier, au vu d'un titre exécutoire tel qu'un acte authentique revêtu de la formule exécutoire et d'un commandement de payer. La représentation par avocat n'est pas obligatoire. Le tribunal judiciaire assure, essentiellement, une mission d'encadrement et de contrôle des opérations de partage réalisées par le notaire. A ce titre, il ordonne l'ouverture de la procédure, désigne le notaire appelé à la diriger, veille au bon déroulement de la procédure et homologue l'acte de partage, lui conférant ainsi force exécutoire.

Si les difficultés ne peuvent être réglées dans le cadre gracieux, la juridiction contentieuse (le tribunal judiciaire) est alors saisie.

L’exécution forcée immobilière

L'exécution forcée immobilière est l'équivalent de la saisie immobilière en droit français général régie par le code des procédures civiles d'exécution. Toutefois, en cette matière, la procédure et l'adjudication des biens sont différentes de la saisie immobilière.

Le créancier poursuivant, à l'origine de la procédure, adresse une requête en exécution forcée immobilière au tribunal judiciaire, qui ordonne l'adjudication et commet un notaire en vue de procéder à la vente. L'adjudication, quant à elle, est soumise à un ensemble de règles particulières : le cahier des charges est rédigé par le notaire et signifié par lui, il tient la vente dans les trois mois du cahier des charges et procède aux enchères. Le débiteur dispose de voies de recours originales : le pourvoi immédiat contre la décision ordonnant la vente et la possibilité de présenter des objections et observations au cours de la procédure.

Les auxiliaires de justice

Il n'y a jamais eu d'avoués à la cour d'appel de Colmar. Les avocats doivent choisir de postuler devant le tribunal judiciaire ou devant la cour d'appel. Les avocats de la cour subsistent malgré la réforme qui a supprimé les avoués dans les autres cours d'appel de France.

Les charges des huissiers et des notaires se caractérisent par leur non vénalité et l'absence du droit de présentation. Une commission de six membres composée de trois magistrats et trois représentants des notaires et présidée par le premier président de la cour d'appel, sélectionne trois candidatures qui sont transmises au garde des sceaux.