Les symboles du palais de justice d'Amiens

12/04/2018 - mise à jour : 23/05/2018
carte symbolique

 

Tables de la loi, Main de Justice, Balance...

La symbolique est partout dans l'architecture et les décorations du palais de justice d'Amiens.

 

Ces symboles nous viennent d'un lointain passé et avaient trois fonctions principales :

- sacraliser l'institution judiciaire,

- permettre à une population majoritairement illettrée de comprendre que la société répond à des règles communes,

- rappeler aux professionnels du droit les prérogatives qui leur permettent de bien rendre la justice.

 

En vous promenant dans le palais de justice, vous découvrirez trois catégories de symboles :

- les symboles religieux,

- les symboles historiques,

- les symboles allégoriques.

 

Les symboles religieux

 

Aujourd'hui laïque, la Justice fût longtemps inséparable de la religion.

 

Les Tables de la Loi symbolisaient l'idée que la loi vient de Dieu.

Les révolutionnaires lui ont donné une valeur profane. Aujoud'hui, elles signifient que seule la loi peut réprimer un comportement.

Désormais enserrée dans un faisceau lié, symbole républicain, la Main de Justice figure que le droit prime sur la force. C'est l'expression de la volonté populaire.

 

L'Egypte ancienne a fait de la balance li'instrument d'Anubis, dieu des morts, qui soupesait le coeur des défunts pour révéler leur pureté.

Par la suite, la balance représenta le jugement ultime dans les religions monothéistes.

Dans le domaine de la justice, le pour et le contre sont pesés pour que le jugement soit équitable.

 

Les symboles historiques

 

Telle que vous la découvrez, la Grand'Chambre a été rénovée sous la IIIème République. Les symboles de l'Empire ont été effacés et on trouve désormais l'imagerie républicaine à travers Marianne aux couleurs du drapeau tricolore ou encore le monogramme RF (République française).

Cette Marianne a été peinte pour que son sein apparent, jugé séditieux, soit moins visible.

De la même façon, une Marianne assagie, troque son bonnet phrygien contre une couronne ornée d'une étoile à cinq branches.

 

Cicéron, célèbre avocat romain et consul, et Démosthène, homme d'Etat athénien, vous accueillent en haut des marches du palais de justice.

Les pères de la démocratie grecque et romaine incarnent l'art oratoire propre au milieu judiciaire (Démosthène comme celui qui accuse, Cicéron comme celui qui défend).

 

Edmond Levêque a également sculpté D'Agesseau et Montesquieu, placés à l'arrière de l'édifice.

Le chancelier et l'auteur de l'Esprit des Lois incarnent les réflexions qui ont menées à la séparation des pouvoirs.

 

Le pouvoir monarchique s'inscrit sur la façade du palais de justice :

- un soleil (Louis XIV),

- la main de justice, qui fut jusqu'en 1792 l'emblème du pouvoir de Justice détenu par les Rois de France et conféré par Dieu,

- un aigle (symbole des victoires militaires que s'appropria Napoléon Ier).

 

Sur la mainde justice, le roi est représenté par le pouce, la Raison par l'index, la Charité par le majeur et la foi catholique par l'annulaire et l'auriculaire.

 

les symboles allégoriques

 

Au 2ème étage, la justice est personnifiée par Thémis, déesse grecque, armée d'un glaive (ne dit-on pas que le juge tranche le litige) et tenant une balance à la main.

Souvent représentée les yeux couverts d'un bandeau (impartialité), la statue que vous trouverez dans le palais n'en porte pas...

Il pourrait s'agir d'une invitation à ne pas fermer les yeux sur les réalités de la société actuelle.

 

Sur la façade extérieure et à l'intérieur de la Grand'Chambre, Hercule, qui a suivi un parcours initiatique pour devenir immortel à travers ses douzes travaux, incite au cheminement, à la recherche de la vérité, lors de l'audience.

Ici, les yeux du lion, sont ouverts. Ils signifient donc la puissance de la justice. Fermés, ils expriment sa sagesse.

 

On retrouve également, dans la Grand'Chambre, Athéna, déesse de la Sagesse et du Combat.

 

On retrouve dans l'architecture du palais de justice un visage féminin avec des serpents dans les cheveux.

Selon certains, il s'agirait de la Méduse, créature mythologique qui pétrifiait en statue de pierre tous ceux qui croisaient son regard.

Pour d'autres, il s'agirait de l'une des trois Erinyes, déesses mythologiques grecques, la Mégère, dont la fonction est de protéger l'ordre social et de punir les coupables.

 

Les écrits antiques matérialisaient déjà le genou comme l'attribut de la piété, de la magnanimité et de la clémence du puissant.

Au temps de la société féodale, il était souvent d'usage de se diriger vers les genoux d'un seigneur ou d'un roi pour s'y aggriper lorsqu'on voulait obtenir sa clémence.

La justice se veut aussi réceptive aux malheurs humains, ainsi cette clémence est symbolisée par le genou dénudé, que l'on peu observé sur la façde extérieure du palais.

 

Le fronton du palais de justice d'Amiens est l'oeuvre de Justin-Chrysostome SANSON :

- au centre se trouve la Loi avec ses Tables,

- à gauche, la Force est appuyée sur une massue et accuse du doigt les malfaiteurs courbés sur le corps de leur victime,

- à droit, la Justice, avec la Balance, protège les faibles.

 

Les animaux ne sont pas en reste dans la symbolique :

- Le serpent qui entoure un miroir symbolise Prudence et Vérité.

- Le lion symbolise quant à lui la puissance du pouvoir.

 

Les symboles ne sont pas éternels : ils ont une origine, une vie, ils évoluent, voire disparaissent.

 

Pour autant, des symboles ayant institutionnellement disparu, telle la Main de Justice, survivent dans le vocabulaire juridique (la main levée, les personnes placées sous main de justice, etc.).