Ouvrir les portes de la justice au grand public

Marc Janin, magistrat, à la cour d'appel de Rennes reçoit régulièrement les groupes scolaires et témoigne de son expérience.
Monsieur Janin, quelles sont vos attributions à la cour d’appel de Rennes ?
Je suis magistrat honoraire exerçant des fonctions juridictionnelles, et affecté à la cour d'appel de Rennes à la 6ème chambre B, chambre des affaires familiales, au sein de laquelle je participe à deux audiences par mois (préparation des dossiers, audition des plaidoiries et rédaction des projets d'arrêts)
Par ailleurs, le premier président m'a chargé suivre le master 2 justice-procès-procédures, parcours magistrature, dont l'enseignement est dispensé conjointement par les facultés de droit de Rennes, Nantes et Brest pour une quarantaine d'étudiants candidats au concours d'accès à l'école nationale de la magistrature (ENM), préparation à laquelle je participe depuis plusieurs années.
Vous intervenez ,sur la base du volontariat, depuis plusieurs années auprès de groupes scolaires de collèges, lycées et universités. De quelle façon construisez-vous cette intervention ?
Il s'agit de présenter, durant une heure et demie voire deux heures, la justice en France, de comparer certains fondamentaux du droit et de la justice avec des systèmes de pensée étrangers tels que ceux issus de la tradition anglo-saxonne. Je décris sommairement l'organisation judiciaire et les règles directrices du procès. Et enfin, je présente mon parcours professionnel, la vie concrète des acteurs de la justice, les contraintes notamment matérielles auxquelles ils sont soumis…
Quelles sont les questions les plus récurrentes ?
Ce sont généralement des questions de l'ordre de l'émotionnel : qu'est-ce qui est le plus dur à juger ?, Est-ce qu'un juge peut mal dormir après une audience difficile ? Quelles sont les affaires les plus marquantes ? A-t-on des remords ? Ou encore à un niveau très matériel : combien gagnent les juges ?, les avocats ? etc. Les adolescents ont naturellement plus de mal à se projeter dans des questionnements institutionnels !
Quelles satisfactions tirez-vous de ces rencontres avec ces élèves ? et quel est l’intérêt selon vous d’organiser ces rencontres ?
Il y a, à mon sens, une évidente continuité entre ce type de rencontres, le soutien à la préparation d'étudiants au concours de l'ENM et la poursuite d'une activité juridictionnelle partielle. Plus largement, je crois profondément aux vertus de la pédagogie et de l'échange avec ceux qui auront à vivre et/ou subir la façon dont sera rendue la justice dans la société à laquelle ils appartiendront dans les années prochaines.