Dans cette affaire, le conseiller de la mise en état a été amené à statuer sur une demande d'arrêt de l'exécution d'une sentence arbitrale internationale formée par un Etat qui soutenait que les conditions posées par l'article 1526 du code de procédure civile étaient réunies au regard du risque que ses droits soient lésés par les tentatives d’exécution dans des pays qui ne garantissent pas une protection adéquate de l’immunité d’exécution dont elle bénéficie. Cette demande a été rejetée par le conseiller de la mise en état. Après avoir rappelé que l'arrêt ou l'aménagement de l'exécution de la sentence ne pouvait dépendre du caractère sérieux du recours en annulation et que cette faculté devait être appréciée strictement, le conseiller de la mise en état a en effet considéré que cette interprétation utile de l'article 1526 al. 2 devait conduire à subordonner le bénéfice de l'arrêt ou de l'aménagement à une appréciation in concreto de la lésion grave des droits que l'exécution de la sentence est susceptible de générer, de sorte que ce risque devait être, au jour où le juge statue, suffisamment caractérisé (para 38 et 39). Il a estimé que la seule circonstance qu'une société puisse envisager d'engager des procédures d'exécution forcées dans divers pays en raison de l'étendue du patrimoine de l'Etat concerné, ne saurait être un motif pertinent pour prononcer l'arrêt de l'exécution d'une sentence alors que le principe de l'exécution a précisément pour objectif de permettre nonobstant un recours en annulation le paiement de la condamnation et qu'il n'était justifié en l'espèce d'aucune mesure d'exécution forcée qui aurait été engagées et aurait eu pour effet, en raison de la loi applicable dans cet Etat, de porter effectivement une atteinte à des biens protégés par son immunité d'exécution (para 41). Il a précisé en outre que l'allégation selon laquelle certains droits étrangers ne protègeraient pas suffisamment l'immunité d'exécution des Etats ne constituait pas non plus en soi un moyen suffisant pour qu'à l'occasion d'une procédure de recours en annulation de la sentence, un Etat puisse obtenir l'arrêt de son exécution dès lors que le bien fondé de ce moyen, et donc le risque allégué, dépend d'une appréciation des conditions dans lesquelles l'exécution forcée de cette sentence est poursuivie au regard de la loi du pays du lieu de l'exécution, qui relève de la compétence du juge du lieu de cette exécution, seul à même d'apprécier, au regard de son droit et notamment du degré de protection qu'il accorde au respect de l'immunité d'exécution, la validité de la mesure d'exécution (para 42). Enfin, le conseiller de la mise en état a constaté qu'il n'était ni établi ni même soutenu que l'exécution de la sentence était de nature à compromettre la pérénité financière de l'Etat et que le risque de non restitution n'était pas caractérisé (para 43 et 44).
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English Version
22 october 2019, CCIP-CA RG 19/04161 – International arbitral award -request for stay of enforcement
In this case, the pre-trial judge was requested to rule on a request for stay of enforcement of an international arbitral award brought by a State claiming that the conditions laid down in Article 1526 of the Code of civil procedure were held in the light of the risk that its rights would be damaged by enforcement attempts in countries that do not offer adequate protection of the immunity from execution which it shall enjoy. This request was dismissed by the pre-trial judge. After recalling that the stay or adjustment of the enforcement of the award cannot be based on the seriousness of the action for annulment and that this faculty should be assessed strictly, the pre-trial judge has indeed considered that the interpretation of Article 1526 para. 2 was to make the benefit of the stay or the adjustment conditional on an assessment in concreto of the serious damages to the rights which the enforcement of the award is likely to generate, so that that risk must be, on the day the judge rules, sufficiently characterized (para 38 and 39). He held that the sole circumstance that a company could consider starting enforcement proceedings in various countries in view of the extent of the assets of the State concerned, could not be a relevant ground for ruling for the stay of the enforcement of the award, whereas the purpose of the principle of enforcement is precisely to allow the payment of the award notwithstanding an action for annulment and that there was no proof in the present case for any measure of enforcement which would have had the effect, because of the law applicable in that State, of effectively harming property protected by immunity from execution (para. 41). He further stated that the claim that certain foreign laws do not sufficiently protect the State's immunity from execution is not in itself a sufficient ground for a State to obtain a stay of enforcement during the procedure for annulment of the award as the merits of such ground and thus of the alleged risk, depends on the assessment of the conditions under which the enforcement of the award is done under the Laws of the country of the place of performance, which falls within the jurisdiction of the judge of the place of performance, who is the only one able to assess, in the light of his Laws and in particular the degree of protection they grant to the compliance with the immunity from execution, the validity of the enforcement measure (para. 42). Finally, the pre-trial judge found that it was neither established nor even argued that the execution of the award was likely to compromise the financial sustainability of the State and that the risk of non-refund was not characterized (para 43 and 44).